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Leur société
Médicaments déremboursés : Hausse des prix en vue
Le ministère de la Santé a publié le 31 décembre une nouvelle liste de médicaments déremboursés, essentiellement des veinotoniques utilisés dans le traitement des jambes lourdes et des vasodilatateurs prescrits notamment dans les troubles de la mémoire. Jusqu'alors remboursés encore à 15 %, ces médicaments dits péjorativement de " confort " ne le seront plus du tout.
Ces médicaments ne sont pourtant pas inefficaces et encore moins dangereux. Beaucoup de personnes âgées auraient bien du mal à s'en passer. De plus, même quand leur efficacité est limitée, ils ont le mérite d'exister, ce que Xavier Bertrand avait d'ailleurs reconnu lui-même, à l'automne 2006. Ministre de la Santé, à l'époque, il avait alors refusé de dérembourser les vasodilatateurs en expliquant : " Il n'existe pas aujourd'hui d'alternative à ces traitements. "
En fait le seul problème, si on peut dire, de ces médicaments, c'est d'être très vendus : 94 millions de boîtes de veinotoniques par exemple l'ont été en 2005. Les dérembourser sera donc synonyme d'économies pour la Sécurité sociale. Mais ceux qui ne feront aucune économie et au contraire payeront encore plus, ce sont les malades, comme cela s'est produit avec les médicaments déremboursés en 2006.
Dans une enquête publiée en octobre 2006, 60 millions de consommateurs avait constaté des augmentations énormes des prix des médicaments, après qu'ils avaient été déremboursés en mars 2006 : + 100 % pour l'Efferalgan Vitamine C, +126 % pour un médicament utilisé dans les affections bronchiques bénignes, + 157 % pour un bain de bouche, ou... + 349 % pour des gouttes oculaires. Et pour acheter 21 des 150 médicaments déremboursés l'enquêteur avait dû débourser 105 euros quand 50 euros suffisaient avant le déremboursement.
Tout cela parce que lorsqu'un médicament n'est plus remboursé, son prix peut être fixé librement par le laboratoire pharmaceutique qui le fabrique. De même, le grossiste pharmaceutique et le pharmacien d'officine fixent leur marge bénéficiaire à leur guise.
Et bien évidemment, sous prétexte que le déremboursement risque d'entraîner une diminution des ventes, les fabricants usent et abusent de cette possibilité.
Avec les veinotoniques et les vasodilatateurs, il en sera bien sûr de même. Leurs prix vont grimper et les malades les plus démunis devront sans doute se priver de ces médicaments. L'accès aux soins des plus pauvres deviendra encore plus difficile. Mais la santé des profits des trusts pharmaceutiques, des grossistes et des pharmaciens détaillants n'est plus menacée.