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- Lutte ouvrière n°2059
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Leur société
35 heures : Comment les remettre en cause en prétendant les conserver
Sarkozy n'est pas à un retournement verbal près. Il peut dire une chose le mardi, et dire ou faire dire par ses porte-parole le contraire le mercredi. Et à chaque fois avec le même aplomb.
Lors de sa conférence de presse du mardi 8 janvier, à un journaliste qui lui demandait s'il souhaitait que l'année 2008 marque la fin des 35 heures, il répondait " Pour dire les choses comme je le sens, oui. " Et tous, dans sa cour et dans sa basse-cour, c'est-à-dire dans les milieux de droite, s'en réjouissaient déjà bruyamment. Le lendemain, volte-face : membres du gouvernement et des cabinets, porte-parole et porte-plume de tout poil se répandaient en expliquant qu'on avait mal compris les propos présidentiels et qu'il n'était pas question de supprimer ces 35 heures en tant que durée légale du travail.
C'est que, si cette durée légale disparaissait, toute la propagande du gouvernement sur le thème " travailler plus pour gagner plus " en faisant des heures supplémentaires s'effondrerait, car cela signifierait la fin de la notion même d'heure supplémentaire.
En revanche Sarkozy et son gouvernement n'ont nullement abandonné leur projet de déréglementation de la durée du travail. Elle peut tout à fait se faire en conservant les 35 heures comme base légale de la durée hebdomadaire de travail, c'est-à-dire en considérant celle-ci comme une limite purement symbolique. Sarkozy s'en est expliqué en déclarant, deux jours après sa conférence de presse : " Je veux que l'on aille beaucoup plus loin dans la réforme des 35 heures. Je veux qu'on libère les entreprises du carcan des règles qui freinent ou empêchent le recours aux heures supplémentaires... qui empêchent ceux qui veulent travailler plus de pouvoir le faire. " En réalité, ce prétendu carcan est plus formel que réel pour les patrons, qui disposent déjà de multiples possibilités leur permettant de disposer de leurs salariés avec une large flexibilité. Mais en fait, ce que vise le gouvernement, ce n'est pas seulement de permettre aux patrons, petits, moyens ou grands de disposer de leurs salariés avec encore plus de souplesse en ce qui concerne les horaires. C'est aussi de pouvoir le faire avec le maximum d'élasticité en ce qui concerne la rémunération des heures supplémentaires, qui pourrait fort bien, à l'avenir, être négociée par branche, par région, voire par entreprise.
Quand Sarkozy varie, bien fol est qui s'y fie. Derrière les contradictions savamment calculées du personnage il y a une volonté constante de déblayer le terrain en faveur du patronat.