n°2059 du 18/01/2008

L’éditorial

Quand modernisation signifie régression

À entendre les commentaires des organisations patronales et du gouvernement, les négociations entre organisations patronales et syndicats de salariés sur la " modernisation du marché du travail ", qui se sont terminées vendredi 11 janvier, auraient abouti à un texte qui serait bénéfique pour tout le monde. Il apporterait plus de flexibilité aux entreprises, et plus de sécurité aux travailleurs. C'est évidemment faux.

Le point capital de ce texte, c'est d'accéder aux demandes du patronat, qui réclamait depuis longtemps, à côté de la démission et du licenciement, une nouvelle modalité de rupture du contrat de travail, la rupture à l'amiable. Prétendre qu'un salarié isolé peut négocier sur un pied d'égalité avec son employeur est déjà une escroquerie. La seule protection du salarié, avec cet accord, serait que celui-ci devrait être soumis au directeur départemental du Travail... dont le silence vaudra acceptation. Mais comme un fonctionnaire aura été censé prendre une décision, le seul recours du salarié, s'il veut ensuite contester la rupture de son contrat de travail, sera le tribunal administratif. Et ce n'est que si ce dernier tranche dans un sens favorable au salarié (ce qui peut prendre facilement deux ans) que celui-ci pourra se tourner vers un tribunal de prud'hommes, où l'affaire pourra encore traîner quelques années. Dans les faits, cette rupture soi-disant négociée sera donc le plus souvent sans recours possible.

n°2059

18/01/2008

Leur société