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- Lutte ouvrière n°2102
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République Démocratique du Congo (RDC) : Guerre et pillage continuent au Nord-Kivu
À peine se terminait le sommet international de Nairobi, au Kenya, du 7 novembre, entre les chefs d'États africains de la région des Grands Lacs sous l'égide de l'ONU, censé trouver une solution à la crise du Nord-Kivu, que les combats reprenaient autour de Goma. Rebelles et forces armées gouvernementales se rejettent la responsabilité de la rupture du cessez-le-feu.
Toutes les images, tous les témoignages qui nous parviennent depuis plusieurs semaines de cette région de l'Afrique des Grands Lacs sont plus effroyables les unes que les autres. Les bandes armées rebelles de Laurent Nkunda, qui s'autoproclame " protecteur " des Tutsis congolais, multiplient les massacres. Elles dispersent les camps de réfugiés dans les forêts, pour que le gouvernement et les ONG ne puissent prendre ce prétexte pour intervenir.
À l'instar des forces rebelles, l'armée gouvernementale massacre et pille. À chaque fois qu'elle fuit face à l'avance des rebelles, elle laisse la désolation dans son sillage. Et lorsqu'elle reprend une ville qui était aux mains des rebelles, elle fait régner la terreur, avec l'appui des milices supplétives maï-maï, ou encore des anciennes forces armées rwandaises hutus génocidaires.
C'est donc cette " armée " de soudards, de pillards, de violeurs et de tortionnaires, considérée comme " légitime " par les puissances occidentales, que les casques bleus de la Mission des Nations unies pour le Congo (Monuc) ont défendue contre les rebelles lorsque ceux-ci risquaient de s'emparer de Goma. Censés protéger les populations civiles, les casques bleus ne s'en soucient guère.
Aujourd'hui, comme le conflit congolais devient visible aux yeux du monde entier, l'ONU se sent obligée de hausser le ton et de dénoncer les " crimes de guerre "... des rebelles. Ceux-ci ont massacré des dizaines de civils dans la ville de Kiwanja, à l'est de Goma. Mais cette indignation sélective du chef de mission de l'ONU en RDC, Alan Doss, cache mal la passivité complice des casques bleus : à Kiwanja, il y avait justement une base de la Monuc ! Celle-ci n'a rien fait.
Au regard des quatre à cinq millions de morts depuis les dix ans que la guerre dure au Nord-Kivu, des centaines de milliers de réfugiés sous-alimentés qui survivent dans des camps de fortune et qui risquent d'être frappés par les épidémies comme le choléra, les " indignations " des dirigeants de l'ONU sur les malheurs du peuple congolais résonnent comme une sinistre farce.
Depuis plusieurs années, des organisations non gouvernementales comme Human Rights Watch ou Global Witness ont alerté les gouvernements occidentaux et l'ONU pour mettre fin aux exactions. Les casques bleus ont laissé faire, quand ils ne soutenaient pas directement les généraux de l'armée congolaise qui organisaient le pillage des richesses, contrôlaient les mines, s'enrichissaient en faisant du commerce de cassitérite ou de coltan, détournant la solde de leurs soldats pour construire des villas luxueuses sur le bord du lac Kivu.
Aujourd'hui, la guerre s'étend au Sud-Kivu. Des soldats rwandais prêtent même main-forte à la rébellion, tandis que le gouvernement congolais appelle à l'aide les soldats angolais, au risque d'une généralisation du conflit comme en 1998. À l'époque, celui-ci avait duré jusqu'en 2003. Les États voisins qui étaient alors intervenus dans la guerre et les multinationales avaient pillé le Congo à tour de bras.
Aujourd'hui, la guerre pour le pillage continue.