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Leur société
Le sens de la justice du sénateur Marini
Le Sénat a adopté le 9 novembre l'amendement de l'UMP Philippe Marini prévoyant d'annuler la demi-part accordée pour le calcul de leur impôt aux parents isolés dont les enfants à charge ont plus de 26 ans. Les couples mariés ou pacsés ne bénéficient pas de cet avantage et perdent donc la réduction d'impôt dès que l'enfant à charge atteint l'âge de 26 ans.
Le texte voté prévoit donc de réduire de 10 % chaque année cet avantage fiscal, et ce dès la déclaration des revenus 2009, jusqu'à sa suppression totale en 2018. Cela concerne aujourd'hui 4,3 millions de contribuables. La plupart de ces parents isolés sont des femmes qui ont travaillé tout en continuant d'assumer seules les charges d'un enfant au foyer, parce que célibataires, divorcées ou veuves. Certes ce ne sont pas celles qui disposent des plus faibles revenus qui sont concernées. Il faut déjà payer des impôts directs, ce qui n'est pas le cas de femmes au chômage ou qui travaillent à temps partiel dans une grande surface par exemple.
Mais ce ne sont pas non plus des femmes fortunées dans leur très grande majorité, puisque cet « avantage » est estimé à 400 euros en moyenne.
Mais que Philippe Marini prétende par cette mesure réduire les niches fiscales, qu'il brandisse la nécessité d'une plus grande justice, tout comme Eric Woerth, le ministre du Budget, qui l'a soutenu au Sénat, a de quoi faire bondir. La demi-part par enfant est en effet bien plus scandaleuse quand elle permet par exemple à une famille de grands bourgeois ayant quatre enfants et gagnant des millions d'euros de diviser par deux leur revenu imposable. Et Marini et Woerth n'ont pas été le moins du monde choqués lorsque Sarkozy a mis en place le bouclier fiscal qui, lui, est responsable d'un trou de 15 milliards d'euros dans les caisses de l'État. Auteur dans le passé de projets de loi visant à alléger, voire à supprimer l'impôt sur la fortune, le sénateur Marini est l'auteur de cet autre amendement qui, s'il avait été voté, aurait permis aux boursicoteurs ayant vendu leurs actions à perte de déduire jusqu'à 10 700 euros de leurs revenus lors de leur prochaine déclaration d'impôts. 10 700 euros, c'est-à-dire l'équivalent d'une dizaine de smics mensuels !
Comme on peut le constater, ces politiciens ont un sens très particulier de la justice !