Le sous-marin nucléaire lanceur d'engins de la marine française, le Triomphant, est entré en collision avec son homologue britannique, le HMS Vanguard, quelque part au fond de l'océan Atlantique, au début du mois de février.

Ce sont deux navires de près de 150 mètres, jaugeant 15 000 tonnes, équipés de batteries de missiles à têtes nucléaires, d'une propulsion nucléaire et, paraît-il, de ce qui se fait de mieux en matière de détection, d'électronique et de sécurité. Ils coûtent autour de deux milliards d'euros pièce. Les marines française et britannique en arment chacune quatre du même type.

Lorsque le Triomphant est rentré à Brest avec la coque cabossée, la marine nationale a commencé par parler d'un choc avec un objet immergé, « probablement un conteneur », ce qui n'était déjà pas glorieux. Elle est maintenant obligée d'admettre qu'il s'agit d'une collision entre deux sous-marins incapables de se détecter l'un l'autre... parce qu'ils sont prévus pour être indétectables. Cette indétectabilité permet aux marines française, britannique, américaine et russe de disposer en permanence de lanceurs d'engins nucléaires dont la position est inconnue d'un ennemi éventuel et prêts à arroser n'importe quel point du globe sur simple demande.

Mais pour ne pas être entendu un sous-marin doit aussi être aveugle. Car pour « voir » au fond de la mer, il faudrait émettre des ondes sonar, ce qui permettrait de les repérer. Alors ces navires ne font qu'écouter et ne perçoivent donc pas ce qui ne fait pas de bruit : les conteneurs, les épaves, les accidents de terrain (supposés connus), et... les autres sous-marins du même type.

Aux dires des amiraux l'accident serait sans conséquence. Les bâtiments sont rentrés au port, il n'y a ni blessé ni fuite de matière radioactive, tous les missiles sont revenus entiers. Et d'affirmer bravement que c'est la conséquence imprévisible et hautement improbable du progrès technologique.

Il faut vraiment être militaire, ou marchand de canons, pour considérer qu'envoyer des bombes nucléaires jouer à colin maillard au fond des mers est une avancée technologique !