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Dans les entreprises
Michelin (Clermont-Ferrand) : Malgré la crise, les profits continuent
Michelin a annoncé 357 millions de bénéfices pour 2008, avec des ventes en recul de moins de 3 %. VOILà CE QUE MICHEL ROLLIER, LE PATRON DE MICHELIN, APPELLE UNE « année terrible » !
Année terrible pour les salariés, à qui le groupe veut faire payer les frais de la crise en prenant sur les congés, en imposant quasiment dans toutes les usines du chômage partiel, en bloquant les salaires outre-Atlantique ? Ou année terrible pour les actionnaires, qui vont se partager « seulement » 145 millions d'euros cette année ? Ou encore pour le patron lui-même, qui n'aura « que » 2 millions d'euros de salaire en 2009, au lieu de plus de 4 millions en 2008 ? Le pauvre !
Dès le début de la crise, lors du Salon de l'auto, Rollier déclarait : « Il n'y a pas de raison que les actionnaires soient privés de dividendes au titre de l'exercice en cours. » Eh bien, il va tenir sa promesse !
La part des bénéfices distribuée aux actionnaires va passer à 40,7 % en 2009, au lieu de 30,1 % en 2008 ! À tel point qu'en raison d'une trésorerie négative Michelin devra emprunter pour payer les dividendes !
Mais cette trésorerie négative ne l'empêche pas de lorgner sur le groupe Continental, dont les difficultés actuelles seraient une occasion pour le groupe Michelin, qui a gagné des parts de marché durant la crise, de grossir encore.
Et les années 2009 et 2010 ne s'annoncent pas si mauvaises que ça. La baisse importante des cours des matières premières depuis quelques mois va permettre au n°1 mondial d'augmenter encore ses marges.
Cerise sur le gâteau, en 2010 la suppression de la taxe professionnelle, annoncée par Sarkozy, fera économiser plusieurs dizaines de millions à Michelin : 20 millions d'euros rien que pour la Communauté de communes de Clermont-Ferrand !
Par contre pour les salariés, l'entreprise a mis en place ce qu'elle appelle un « pilotage resserré de nos activités », en d'autres termes le renvoi de presque tous les intérims et CDD, et l'augmentation de la flexibilité avec des arrêts de production en prenant sur les congés et les RTT, et chômage partiel.
Pratiquement aucune usine n'y échappe. Pour l'atelier Z (fabrication de la gomme) sur le site de Cataroux à Clermont-Ferrand, ce seront pas moins de 34 jours de fermeture d'ici cet été. Et d'autres usines sont touchées dans les mêmes proportions. À La Combaude de Clermont, à La Roche-sur-Yon, à Tours, au Puy...
À l'annonce des 357 millions d'euros de bénéfices, plus d'un travailleur a fait remarquer que cela permettrait largement à Michelin de prendre intégralement en charge les baisses de production, sans toucher à nos congés, et de payer à 100 % les périodes de chômage partiel.