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Venezuela : Chavez gagne une nouvelle consultation électorale
Le 15 février 54,6 % des électeurs vénézuéliens ont approuvé une modification de la Constitution permettant aux élus de se représenter désormais sans limitation du nombre de mandats. Le principal élu intéressé est évidemment l'organisateur du référendum, le président Chavez lui-même. Car, faute de changement constitutionnel, il n'aurait pas pu se représenter en 2012 pour un troisième mandat.
L'opposition vénézuélienne a fait campagne contre le « président à vie », qualifiant Chavez de futur dictateur, suivie en cela par la plus grande partie de la presse occidentale. Les uns et les autres s'étaient pourtant fort bien accommodés des dictatures militaires qui avaient sévi au Venezuela et qui ne s'étaient pas donné la peine d'organiser, comme Chavez, quinze scrutins en dix ans et d'en gagner quatorze.
Les commentateurs français qui daubent sur la non-limitation des mandats au Venezuela semblent également avoir oublié que le nombre de mandats présidentiels en France n'est limité à deux que depuis 2008 et que beaucoup de sénateurs meurent encore à leur poste, ou peu s'en faut.
Les mêmes n'ont pas mentionné que le président colombien Uribe a eu recours au même procédé de changement constitutionnel pour prolonger son mandat et qu'il est question qu'il le prolonge une fois de plus. Mais il faut dire que ni les puissances occidentales ni les compagnies pétrolières n'ont quoi que ce soit à reprocher à Uribe, alors que Chavez les gêne.
Depuis son élection en 1999, ce dernier a en effet consacré une partie de l'argent du pétrole, dont le Venezuela est le cinquième producteur mondial, à améliorer le sort des plus pauvres. Les bénéfices de la société pétrolière vénézuélienne, au lieu de n'enrichir que des actionnaires, comme ceux de Total ou d'Exxon, ont servi pour partie à construire des écoles et des dispensaires dans les bidonvilles, à subventionner les produits de première nécessité dans les quartiers pauvres. Et, pour certains commentateurs occidentaux, cela constitue le comble du populisme et de l'immoralité.
Alors ces derniers, bien obligés de constater la nouvelle victoire électorale de Chavez, soulignent qu'il est en situation délicate car la baisse des prix du pétrole menace ses finances. En effet, alors que le pétrole constitue 98 % des exportations du pays et donc la quasi-totalité de ses entrées de devises, le prix du baril est passé de 135 à 35 dollars. De plus le principal client du Venezuela est les États-Unis, qui le tiennent ainsi dans leurs mains.
Il est vrai que, faute de surplus pétrolier, le gouvernement Chavez ne pourrait plus continuer la même politique, à moins de s'attaquer réellement aux possédants vénézuéliens, aux grands propriétaires terriens et aux sociétés financières et industrielles, y compris étrangères. Mais ce n'est certainement pas ce que souhaitent les critiques « démocratiques » du président vénézuélien.