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Guadeloupe : Quand le lobby colonial crie au racisme !
« Soit ils appliqueront l'accord, soit ils quitteront la Guadeloupe... Nous sommes très fermes sur cette question-là. Nous ne laisserons pas une bande de békés rétablir l'esclavage. » Voilà ce qui est reproché à Elie Domota, porte-parole du LKP, par un concert de voix patronales, juridiques, journalistiques et politiques de droite qui sue le mépris et le colonialisme.
On a entendu le président de l'UMP, Xavier Bertrand, critiquer vertement ces propos. Quant au procureur de la République de Guadeloupe, il a ouvert une enquête, fait saisir la bande vidéo de cette déclaration faite sur RFO Guadeloupe. Il a déclaré que cette enquête devrait révéler s'il y a eu ou non « incitation à la haine raciale et extorsion de signature par la force ». Mais avant la conclusion de cette prétendue enquête le procureur a déjà penché pour cette thèse à charge contre Elie Domota.
On n'avait pas entendu autant de propos indignés à l'encontre de M. Despointes, le riche béké qui, lors d'une émission sur Canal Plus il y a moins d'un mois, a tenu des propos franchement et directement racistes. Citons-le : « Dans les familles métisses, les enfants sont de couleurs différentes, il n'y a pas d'harmonie ; moi je ne trouve pas ça bien. Nous (ndlr : les békés) on a voulu préserver la race... Les historiens ne parlent que des aspects négatifs de l'esclavage et c'est regrettable. Les historiens exagèrent un petit peu les problèmes. Ils parlent surtout des mauvais côtés de l'esclavage, mais il y a eu des bons côtés aussi. C'est où je ne suis pas d'accord avec eux. Il y a des colons qui étaient très humains avec leurs esclaves, qui les ont affranchis, qui leur donnaient des possibilités d'avoir un métier, des choses... »
On n'a pas entendu non plus ces mêmes personnes protester en quoi que ce soit contre l'attitude des forces de l'ordre qui ont blessé Alex Lollia sur un barrage en lui disant : « on a vu ta gueule de sale nègre à la télévision. » D'autres témoignages de jeunes ont confirmé les propos racistes tenus par ceux qui tabassaient aux cris de « sale nègre ». Y a-t-il eu ouverture d'une enquête contre les forces de l'ordre de la part du procureur de la République ?
Il y a donc deux poids et deux mesures. Les mêmes personnes qui s'en prennent à Elie Domota, arrière-arrière-petit-fils d'esclave, se sont montrées complaisantes à l'égard du grand béké descendant de famille esclavagiste, complaisantes à l'égard des forces de l'ordre. Et on voit bien de quel côté se situe la justice : du côté des grands patrons békés.
Ce sont ces derniers qui font pression sur le gouvernement et la justice pour se retourner contre le LKP et son porte-parole qui, eux, exigent l'application de l'accord sur les deux cents euros à l'ensemble du patronat. Et il n'est un secret pour personne que ce sont certains patrons békés, dont Bernard Hayot, qui, en refusant avec mépris d'appliquer l'accord Bino, créent une situation de tension qui perdure en Guadeloupe où les travailleurs de leurs entreprises ont déclenché des grèves pour l'application de cet accord. En Martinique, ce sont encore les békés avec à leur tête De Reynal qui ont organisé une véritable provocation la semaine dernière en tentant de briser des barrages par la force. Cette action a eu pour conséquences des affrontements importants entre forces de l'ordre et manifestants qui se sont opposés à l'action des békés.
En réalité, dans toute cette affaire, il y a une volonté manifeste de la part du lobby patronal béké, de la justice, de certains membres du gouvernement, de faire passer le LKP pour une organisation qui terroriserait ces pauvres patrons et tenterait par la force d'obtenir satisfaction. Si ce qu'ils entendent par « force », c'est la grève, soutenue par la totalité des travailleurs et la population, eh bien cette force-là est légitime et démocratique. C'est la force des travailleurs en lutte.
Enfin, il est quand même extraordinaire qu'on demande à Domota, au LKP et ses membres, de justifier leur non-racisme. Ce n'est pas aux Noirs et Indiens de Guadeloupe et de Martinique de justifier en quoi que ce soit leur non racisme. La charge de la preuve incombe aux békés, aux possédants blancs de Guadeloupe, au lobby patronal blanc en grande majorité, pas aux Noirs et aux Indiens, en particulier aux Noirs pauvres, aux Indiens pauvres des vieilles colonies françaises issus de trois siècles d'esclavage, de domination et d'oppression racistes. L'histoire les a déjà mille fois acquittés !