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Leur société
Classement des plus riches : C'est pas la ruine pour tout le monde !
Le magazine Challenges a publié mi-juillet son traditionnel classement des 500 premières fortunes du pays. Il s'agit des fortunes dites professionnelles, Challenges ne prenant pas en compte le reste du patrimoine. Le trio de tête ne change guère, mais la crise a tout de même chamboulé le classement des grands capitalistes.
Année après année, on retrouve les mêmes noms à la tête du tiercé des grandes fortunes et les sommes proprement délirantes qui vont avec : Gérard Mulliez (Auchan) et ses 15 milliards d'euros, Bernard Arnault (LVMH) et ses 14,6 milliards, et Liliane Bettencourt (L'Oréal), avec un peu plus de dix milliards. Derrière, en vrac, se retrouvent les noms de Bouygues, Bolloré, Pinault, Peugeot, Lagardère...
La crise est néanmoins passée par là : selon Challenges, 95 % des « classés » ont vu leur fortune professionnelle fondre « de 20 à 40 % ». Les trois premiers du classement ont ainsi vu leur fortune diminuée, respectivement, de 28, 20 et 25 %. Certains grands bourgeois, pas forcément très connus, sont même quasiment ruinés, comme Romain Zaleski, propriétaire du trust minier Eramet : sa fortune de 3,8 milliards (contre 11 milliards il y a un an) serait aujourd'hui aux mains de ses créanciers.
Cette enquête est évidemment à prendre avec des pincettes : pour les plus fortunés des membres de ce classement, le calcul est fait en multipliant le nombres d'actions qu'ils possèdent par la valeur nominale de ces actions, début juillet. La Bourse ayant considérablement chuté au début de cette année, la fortune (virtuelle) de ces familles « chute » avec. Evidemment, cela signifie d'autant moins qu'ils sont au seuil de la misère que la Bourse a regrimpé depuis.
La crise économique a néanmoins de réelles conséquences sur le monde des « ultrariches » : certaines sociétés vont disparaître, victimes de la conjoncture économique. D'autres vont changer de main : la valeur des grandes sociétés ayant diminué, de nombreuses opérations financières sont en cours pour profiter des bonnes affaires. Requins dans le monde des requins, les grands bourgeois lorgnent sur les entreprises de leurs voisins, et tentent de les racheter en profitant de la baisse des cours de la Bourse... quitte à s'endetter jusqu'au cou pour cela. Selon Challenges toujours, les opérations spéculatives les plus risquées sont légion en ce moment, dans ce but. La crise, née entre autres de la bulle spéculative, est en train de provoquer une nouvelle forme de spéculation...
Au final, comme lors de chaque crise profonde de l'économie capitaliste, les entreprises les plus faibles disparaîtront, et celles qui avaient les épaules plus solides se renforceront encore un peu plus.
Quant aux riches eux-mêmes, on ne peut pas dire qu'ils subissent trop durement, à titre personnel, les conséquences de la crise. La plupart des grandes entreprises capitalistes ont provisionné suffisamment d'argent, ces dernières années, pour leur permettre de faire face à la situation économique morose. Ainsi, chez Peugeot, on avoue « mettre traditionnellement en réserve l'équivalent de deux ou trois années de dividendes, précisément pour pouvoir en distribuer à la cinquantaine de membres de la famille les années difficiles ». Les milliers de salariés de PSA frappés par le chômage technique, les milliers d'ouvriers de la sous-traitance automobile jetés à la rue par la volonté des actionnaires de PSA, aimeraient pouvoir en dire autant !
Mais attention, les temps pourraient être durs même pour la famille Peugeot : « Si la crise devait se prolonger, poursuit l'interlocuteur de Challenges, les grands-tantes [Peugeot] n'auront bientôt plus les moyens de payer leurs jardiniers ! » Ce serait vraiment dommage... surtout pour les jardiniers.