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Dans le monde
Colombie : Le renforcement de la présence militaire américaine
La récente annonce d'une extension du « plan Colombie » (accords de coopération militaire entre les États-Unis et la Colombie) crée de nombreux remous diplomatiques en Amérique latine. Non seulement Hugo Chavez (le président vénézuélien) et Evo Morales (le président bolivien), connus pour leurs critiques envers la politique nord-américaine, se sont violemment exprimés contre ce plan, mais bon nombre d'autres chefs d'État de la région ont eux aussi dit leurs craintes, voire leur désapprobation.
Ce plan en vigueur depuis la fin des années quatre-vingt-dix, censé lutter contre les narcotrafiquants, octroie désormais la possibilité aux forces armées américaines d'utiliser trois bases terrestres, deux bases aériennes et deux bases navales en Colombie.
Intervenant pour justifier ce nouvel accord, Obama a déploré que « certains dans la région cherchent à utiliser la traditionnelle rhétorique antiyankee »... sans préciser évidemment que cette « rhétorique » a bien des raisons d'être et correspond à la longue histoire d'une politique interventionniste des États-Unis dans ce qu'ils considèrent comme leur chasse gardée. Les interventions militaires des États-Unis se sont faites soit directement, soit par l'intermédiaire de la CIA et de groupes militaires ou paramilitaires locaux.
Sans dresser la liste exhaustive de tous les faits constituant la politique impérialiste des États-Unis, dont le but a toujours été de faire en sorte que les gouvernements en place soient à la botte des intérêts de la bourgeoisie nord-américaine et servent à étouffer la moindre expression des aspirations populaires, il faut citer les plus importants d'entre eux : le soutien de la CIA au coup d'État de Pinochet contre Allende en 1973 et la répression sanglante qui s'en est suivie ; la tentative de renversement du régime de Castro à Cuba en 1961, dirigée elle aussi par la CIA ; le soutien actif aux Contras luttant contre le régime sandiniste au Nicaragua dans les années quatre-vingt ; le soutien aux escadrons de la mort au Salvador ; les interventions de l'armée américaine au Guatemala en 1954, à Saint-Domingue en 1965, à la Grenade en 1983, au Panama en 1989. Et la liste est loin d'être close.
Dans la période de l'après-Deuxième Guerre mondiale jusque dans les années quatre-vingt, la justification de cette politique était de contenir l'avancée du communisme. Ensuite, la raison invoquée a été la lutte contre la drogue et plus récemment la lutte contre le terrorisme.
Mais si Obama et les siens se souciaient de la lutte contre la drogue, c'est aussi aux États-Unis et au sein même de la finance américaine qu'ils frapperaient, tant cette dernière est liée aux trafics en tout genre, y compris celui de la drogue.
Les dirigeants américains peuvent peut-être tromper ainsi la population américaine, mais certainement pas les peuples d'Amérique latine dont la mémoire est pleine des exactions de l'impérialisme nord-américain.