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Guadeloupe : Deux journées de grève et de manifestations à l'appel du LKP
Après la mobilisation d'octobre et la campagne de meetings du LKP dans les communes, deux journées de grève d'avertissement ont eu lieu les 24 et 25 novembre et ont été un succès.
Mardi 24 novembre, les commentateurs officiels se réjouissaient du fait que la grève n'était pas partout totale, bien que des piquets de grève aient été mis en place assez largement. Mais des discussions se tenaient dans diverses entreprises, autour des raisons de la mobilisation et, dans l'en¬semble, la grève fut mieux suivie le lendemain. Les commentateurs durent donc déchanter mercredi 25 lorsqu'ils virent près de 10 000 personnes manifester dans les rues de Pointe-à-Pitre, dont une grande majorité de travailleurs et aussi beaucoup de jeunes. À la fin de la manifestation un grand meeting se tint devant le palais de la Mutualité de Pointe-à-Pitre, siège du LKP. Les deux secrétaires généraux respectivement de la CGTG et de l'UGTG, également principaux dirigeants du LKP, Jean-Marie Nomertin et Elie Domota, prirent la parole devant une foule enthousiaste.
Le LKP avait appelé à cette grève générale de 48 heures et à la manifestation, en particulier pour obliger l'État à respecter entièrement les accords signés à la fin de la grève générale de février-mars.
La réunion du comité de suivi présidée par la ministre Penchard samedi 14 novembre n'avait rien donné. En particulier sur le RSTA, c'est-à-dire la part de 100 euros que l'État doit verser sur les 200 euros d'augmentation salariale obtenus, la ministre n'a rien voulu céder.
L'article 2 de « l'accord Bino » signé lors de la grève générale stipule bien ceci : « Tous les salariés dont le salaire horaire de base (hors primes et accessoires de salaire) est égal au smic et jusqu'à 1,4 smic inclus voient leur revenu mensuel augmenter de 200 euros net ». C'est clair ! Or l'État, en incluant les primes et accessoires, exclut des milliers de travailleurs des dispositions de cet accord.
Sur les augmentations du carburant prévues après la première augmentation de six centimes, Penchard n'a pas voulu non plus discuter, en violation des accords du 4 mars. Sur le plan d'urgence pour l'emploi et l'insertion des jeunes non plus. De plus, bien des dispositions du protocole du 4 mars de fin de grève générale ne sont pas encore respectées. En fin de compte, aucun des points importants n'a été réglé par la nouvelle ministre.
La grève générale de 48 heures annoncée par le LKP et la quasi-totalité des syndicats n'a certes pas été vraiment « générale ». Mais de nombreux travailleurs ont fait grève et la vie économique et sociale de l'île a tourné au ralenti. Quelques exemples : dans les banques, ceux de la BFC en particulier ont donné l'exemple. Plusieurs agences n'ont pu ouvrir leurs portes. Les travailleurs municipaux ont, eux aussi, répondu massivement à la grève, dans l'ensemble des communes. À Basse-Terre, où les travailleurs municipaux sont en grève depuis plusieurs semaines déjà, le mouvement s'est encore durci. Dans les cantines scolaires, le mouvement a été bien suivi. Les travailleurs du Club Med, eux, ont protesté par un petit barrage rapidement enlevé par les gendarmes.
Dans les supermarchés comme Carrefour, des piquets de grève bien visibles témoignaient du fait qu'une bonne partie des travailleurs avaient suivi le mouvement. De même à la CAF et à la Sécurité sociale. Il faut signaler aussi la mobilisation des travailleurs d'Orange rassemblés massivement devant leur entreprise et celle de beaucoup de pompistes des stations-service. Dans beaucoup d'autres entreprises, il en a été de même.
Dans les établissements scolaires, on a compté 25 % de grévistes enseignants dans le primaire et les lycées, 35 % dans les collèges et jusqu'à 37 % des enseignants dans l'île de Marie-Galante et 42,8 % à Terre-de-Bas, dans l'archipel des Saintes.
Dans certains lycées, comme celui de Providence aux Abymes, celui du « jardin d'essai » et à l'université, lycéens et étudiants se sont mis en grève de soutien et aussi sur certaines de leurs propres revendications. Ils ont manifesté à plus d'une centaine dans les rues de Pointe-à-Pitre notamment avec les jeunes surnommés « les rebelles » du nom de leur petit journal, Rebelle, lié à nos camarades du groupe trotskyste Combat Ouvrier. Arrivés à l'université, les jeunes manifestants se sont invités, sous les acclamations, à l'assemblée générale des étudiants de l'université de Fouillole.
En tout cas, si gouvernement et patrons pensent qu'ils peuvent faire désormais aux Antilles comme si la grève générale du début de l'année n'avait pas eu lieu, ils se trompent lourdement.