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Iran : Le régime islamiste persiste à réprimer, mais la contestation ne faiblit pas
Selon la télévision des mollahs, huit personnes auraient trouvé la mort pendant les manifestations du dimanche 27 décembre, jour de l'Achoura chiite, la fête qui commémore l'assassinat en 680 d'Hossein, le petit-fils de Mahomet. Pour les partisans de Mir Hossein Moussavi, candidat malheureux à la dernière présidentielle, c'était une bonne occasion pour descendre dans la rue acclamer le nom d'« Hossein »...
Depuis l'élection présidentielle de juin dernier, dont les opposants estiment qu'elle a été truquée, la contestation du régime des mollahs a persisté.
Comme les mollahs l'avaient fait, il y a trente ans, dans leur marche vers le pouvoir, les opposants profitent des fêtes religieuses pour se rassembler et faire entendre leur colère contre le régime.
Une semaine auparavant, le 20 décembre, les opposants s'étaient retrouvés dans la ville de Qom à l'enterrement du mollah Montazeri, ancien dauphin du fondateur de la République islamique, l'ayatollah Khomeyni. Depuis, Montazeri critiquait publiquement la politique du régime.
La police avait alors tenté de disperser les manifestants. Il s'en était suivi des affrontements qui avaient duré une partie de la journée. Il y en avait eu également à Najalabad, la ville natale du défunt. Quarante-huit heures après, les heurts avaient repris à Najalabad, mais également à Ispahan. Une cinquantaine de personnes avaient été arrêtées. À ce stade, le régime avait annoncé qu'en six mois la répression avait tué quarante personnes ; l'opposition parlant, elle, de soixante-dix morts. Lors des procès intentés par le régime aux opposants, il y a eu cinq condamnations à mort et des centaines d'opposants croupissent en prison.
Selon la Ligue des droits de l'homme d'Iran, pour faire plier les opposants, le régime a pris l'habitude non seulement de s'en prendre à l'opposant lui-même mais aussi à sa famille, en réclamant des cautions exorbitantes qui obligent les familles à hypothéquer leurs biens. Il y a aussi des cas d'opposants qui n'ont pas retrouvé de travail après leur sortie de prison, et leur compagne non plus. Quant aux détenus, ils n'ont le droit de voir leur famille qu'au compte-gouttes. Le régime multiplie aussi les exécutions de prisonniers de droit commun, pour installer une atmosphère d'intimidation.
Et pourtant cela n'a pas empêché l'opposition de descendre dans la rue pour la fête d'Achoura. Mais cette fois la police et les milices islamistes, les bassidjis, ont frappé très fort, tuant au moins huit manifestants.
Parmi les victimes d'Achoura, il y a le neveu de Moussavi. Et tout le monde estime que cet assassinat a été commis sciemment, pour faire rentrer dans le rang le principal opposant. Pendant la manifestation, il y a eu des centaines d'arrestations. Celles-ci se sont poursuivies les jours suivants. Parmi les personnes arrêtées, il y a l'ancien ministre Yazdi (il dirige un Mouvement pour la liberté de l'Iran, parti interdit mais toléré par les mollahs), le plus proche conseiller de Moussavi, mais aussi la soeur apolitique de l'avocate Shirin Ebadi, prix Nobel de la paix.
Le régime des mollahs cherche apparemment à faire rentrer dans le rang ceux qui pourraient constituer une équipe de rechange.
En revanche, il est impossible de mesurer, à travers les informations et les commentaires qui parviennent ici, les aspirations réelles de ceux qui manifestent malgré les menaces et la répression du régime.
Une chose est sûre : si le régime d'Ahmadinejad peut penser qu'avec la répression il devrait conserver les rênes du pouvoir, une grande partie de la jeunesse et de la population a le courage et la détermination de défier cette dictature.