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Leur société
Niches fiscales : Le gouvernement, chien de garde du capital
Tant pis pour ceux qui se seraient imaginé qu'en s'attaquant aux niches fiscales, le gouvernement pouvait rogner un tant soit peu les cadeaux faits aux capitalistes.
Le Premier ministre Fillon a nettement précisé, lundi 30 août sur France Inter, que les mesures envisagées épargneront les entreprises, c'est-à-dire leurs propriétaires : « On a décidé de préserver toutes les mesures qui décident de stimuler l'emploi, d'écarter toutes les mesures qui touchent des publics très fragiles et toutes les mesures qui visent à améliorer la compétitivité des entreprises. »
Les « publics très fragiles », c'est-à-dire les couches les plus pauvres de la population, ne sont là que pour donner l'impression d'un équilibre entre riches et pauvres. Les quelques exonérations qui touchent les plus pauvres vont sans doute perdurer : on ne tond pas un oeuf. De toute façon, y compris les plus pauvres paient les impôts sur la consommation, TVA et autres, qui sont les plus injustes et les plus inégalitaires de tous. Mais une fois gommée cette fausse fenêtre, le ministre affirme simplement qu'il maintiendra les exonérations et toutes les mesures qui favorisent les capitalistes.
Ainsi le crédit impôt recherche ne sera pas touché. C'est pourtant une des niches fiscales les plus coûteuses, qui permet aux grandes entreprises de déduire de leur impôt une bonne partie de leurs frais de recherche et développement, qui ne concernent pas que des recherches socialement utiles. Et Fillon précise : « Je le dis tout de suite, il n'y aura pas de mesure sur le crédit impôt recherche, il n'y aura pas de mesure sur les moyens qui aident les entreprises à investir. »
Investir, stimuler l'emploi, améliorer la compétitivité : voilà sous quels prétextes les gouvernements pillent le budget de l'État pour subventionner la grande bourgeoisie. Avec pour seul résultat de gonfler les profits, sans aucun effet favorable sur l'emploi. C'est ce que confirme l'Insee, dans une étude sur la loi Fillon de 2003 qui généralisait à toutes les entreprises les allégements de charges sur les salaires jusqu'à 1,6 smic. Cette réforme aurait eu pour effet de créer, ou sauvegarder, 21 500 emplois dans les entreprises qui n'avaient pas signé l'accord sur la réduction et l'aménagement du temps de travail, et qui donc avaient conservé jusqu'alors la semaine légale de 39 heures de travail. Mais dans le même temps, entre 2003 et 2005, les entreprises déjà aux 35 heures ont supprimé 39 000 emplois, presque le double. L'étude souligne en outre que ces exonérations jusqu'à 1,6 smic ont favorisé le recours aux emplois précaires et à temps partiel.
L'emploi n'est donc qu'un mauvais prétexte. Le gouvernement veut maintenir les cadeaux aux entreprises. Et en fait de niches, c'est les salariés, les chômeurs et les retraités qui seront tondus un peu plus ras, à moins qu'ils ne se mettent à mordre les raboteurs et tondeurs de tout poil.