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Leur société
Les pauvres dans le collimateur
À le lire, le ministre des Transports Thierry Mariani serait fort préoccupé de justice sociale. « Ce thème est majeur », déclare-t-il dans le Journal du Dimanche du 7 août. « Il s'agit par exemple de lutter contre les profiteurs du bas et du haut de l'échelle sociale. »
Mais ce qu'il propose vise ceux d'en bas. « Contre la fraude, dit ce ministre, je soutiens la création d'un fichier généralisé des allocataires, qui recense toutes les prestations sociales perçues. Cela permettra de constater les abus. Une même personne peut toucher indûment le RSA dans plusieurs départements. »
Le lendemain son collègue Xavier Bertrand, membre du même gouvernement, annonce « la création d'un répertoire unique des allocataires sociaux, meilleure façon de renforcer la lutte contre les fraudes sociales. On saura exactement qui touche quoi. On pourra éviter les doublons et on s'apercevra des incohérences de versement. » Il se garde de préciser que cette fraude qu'il montre du doigt est infime, comparée au nombre de bénéficiaires et aux sommes concernées. C'est ce que confirme le directeur de la répression de la fraude à l'Assurance maladie, dans une interview au journal Les Échos : « Ce qu'on peut dire, c'est que la fraude à l'Assurance maladie reste rare, elle est probablement inférieure à 1 % des prestations versées. »
Certes, Mariani assure : « Celui qui arnaque la Sécurité sociale de 2 000 euros ne doit pas faire oublier les profiteurs d'en haut. » Mais il reste dans le flou. Pas question dans ce cas de créer un quelconque fichier pour ces fraudeurs-là, dont les détournements, rapportés à chaque individu, dépassent largement les 1 %, sans même parler des sommes en cause.
La taxation des très riches, on en parle beaucoup, ces temps-ci, à défaut de faire quoi que ce soit. Le ministre de l'Économie Baroin a mis en place sur ce sujet un groupe de travail. Mais avant même que ce groupe se soit réuni, il a déclaré que, face au tremblement de terre qui secoue les Bourses, il n'est pas question d'augmenter les impôts. La messe est dite... pour les plus riches.
D'ailleurs, eux, ils ne fraudent pas, pas tous du moins. Car il leur suffit de s'attacher les services des meilleurs comptables, des spécialistes de la fiscalité les plus compétents, qui savent dénicher, dans les arcanes des lois, où se trouvent les mesures qui permettent d'échapper à l'impôt. En toute légalité, bien sûr.