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- Lutte ouvrière n°2263
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Dans les entreprises
Préciturn -- Thiers (Puy-de-Dôme) : Les travailleurs en lutte contre les mauvais coups d'un repreneur
Les travailleurs d'une usine de décolletage, Préciturn, à Thiers (Puy-de-Dôme) occupent leur usine depuis le 1er décembre, 24 heures sur 24 et week-end compris. Leur entreprise a été mise en liquidation judiciaire par le tribunal de commerce de Clermont-Ferrand le 30 novembre.
Le dernier acquéreur de leur entreprise, le groupe industriel indien Ruia, qui l'a achetée pour 1 euro symbolique en août dernier, ne veut même pas rendre officiel le plan de cessation d'activité, et les ouvriers sont laissés pour compte. Que s'est-il passé entre le dernier entrepreneur, Burthley, qui a déposé le bilan, et le groupe Ruia, qui vient de jeter l'éponge ? Les travailleurs n'en savent rien. Mais eux, qui ont connu plusieurs dépôts de bilan et redressements judiciaires de leur entreprise depuis plus de dix ans, ne l'entendent pas de cette oreille.
Les travailleurs n'ont plus rien à perdre et tentent, en conservant leur outil de travail, les machines, les tours à décolleter, les pièces usinées destinées à Valeo et à d'autres sous-traitants de Renault ou de PSA, de faire pression pour obtenir une prime de départ extra-légale de 60 000 euros, au lieu des 5 000 à 6 000 euros de prime de licenciement auxquels ils auraient droit en cas de liquidation. Jusqu'ici, ils avaient cru bon d'honorer toutes les commandes, de façon à garder leur travail, mais devant le silence de tous les industriels à leur égard, ils bloquent la production.
Alors que cette usine, la plus importante du bassin thiernois, a compté plus de 500 ouvriers dans les années 1990, et encore 471 lors de l'annonce d'un plan de licenciements en 2005, il n'y a plus que 138 ouvriers actuellement. Depuis des années l'usine de décolletage, sous-traitante d'équipementiers ou de constructeurs automobiles, a connu de multiples redressements, repreneurs, et à chaque montage financier elle a changé de nom : de Dapta à Valfond fin des années 1990, à Eurodec en 2006 (détenue par l'Union des banques suisses), à Leipold en 2008 et Préciturn en 2009, à chaque fois les opérations de prétendu sauvetage se sont accompagnées de suppressions d'emplois.
Les aides n'ont cependant pas manqué pour les différents industriels : l'entreprise a bénéficié d'aides et de crédits de l'État ou des collectivités locales dans le cadre du contrat de territoire depuis 2004. La presse a parlé d'un cadeau de 500 000 euros de la part du Conseil général en 2008. Mais le plus souvent les montages financiers sont restés opaques pour les travailleurs, tandis que ce sont eux qui enrichissent l'entreprise par leur travail mais qui perdent leurs emplois et leurs salaires.
L'entreprise a été cotée en Bourse à Lyon dans les années 1980-1990 : des profits ont été engrangés et n'ont pas été perdus pour tout le monde.
Les travailleurs ne se font plus d'illusions sur un éventuel repreneur, mais ils n'ont pas baissé les bras. En exigeant une prime de départ de 60 000 euros chacun, ils veulent avant tout conserver de quoi vivre, et c'est bien le moins.