Sommet de Bruxelles : L'austérité pour les peuples, des milliards d'euros pour les banquiers14/12/20112011Journal/medias/journalnumero/images/2011/12/une2263.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Sommet de Bruxelles : L'austérité pour les peuples, des milliards d'euros pour les banquiers

Pour Sarkozy, interrogé par les journalistes dans le Monde du 13 décembre, le sommet des chefs d'État européens réuni à Bruxelles quelques jours auparavant « marque une étape décisive vers l'intégration européenne » et « crée les conditions du rebond et de la sortie de crise ». Sauf que ce n'est pas le premier sommet de ce type, et qu'à chaque fois il avait, selon Sarkozy, créé les conditions pour en sortir.

À Bruxelles, 26 des 27 États européens -- sans la Grande-Bretagne, qui a décidé de faire cavalier seul -- se sont mis d'accord pour renforcer leur « discipline budgétaire » : il s'agit d'encadrer le déficit budgétaire et l'endettement des États de la zone euro, avec la possibilité de sanctions financières pour les États qui ne les respecteraient pas. Ce type de règles existe en fait depuis l'origine de la monnaie unique. Elles ont été formalisées dans un Pacte de stabilité et de croissance.

Ce qui est nouveau dans le projet de nouveau traité concocté entre Merkel et Sarkozy, c'est d'une part l'obligation pour les États d'intégrer à leur Constitution l'engagement de limiter leur déficit budgétaire -- c'est la fameuse règle d'or -- et d'autre part le caractère automatique des sanctions à l'encontre des États qui ne la respecteraient pas.

On sait ce que cela implique : les gouvernements européens sont tous d'accord quand il s'agit de faire payer leurs populations par le biais de plans d'austérité à répétition, tandis qu'ils consacrent des sommes énormes, et de plus en plus, à aider les banquiers spéculateurs.

Tandis que les chefs d'États européens se réunissaient à Bruxelles, la Banque centrale européenne de son côté annonçait une série de mesures destinées à venir en aide aux banques.

Elle annonçait que son taux directeur -- celui qu'elle fait payer aux banques --, déjà abaissé de 1,5 % à 1,25 % en novembre dernier, serait porté à 1 %. Les banques pourront désormais lui emprunter à ce taux des montants illimités pour une durée pouvant aller jusqu'à trois ans, au lieu de treize mois jusqu'à maintenant. Elle a annoncé aussi qu'elle acceptera en garantie de ces prêts des titres de moins bonne qualité, voire pourris (c'est-à-dire qui ne seront jamais remboursés). Enfin elle a annoncé que, pour la première fois de son histoire, elle diminuait de 2 % à 1 % le montant des dépôts que les banques sont tenues de déposer auprès de la BCE.

Ces cadeaux aux banquiers auraient pour but de les encourager à continuer à financer les entreprises, grandes et petites, et de les inciter à acheter les obligations émises par les États européens. Autrement dit la BCE finance les banques pour que celles-ci fassent ce qu'elle n'a pas le droit de faire directement. Mais qui contrôlera ce que les banquiers feront des milliards d'euros ainsi mis à leur disposition ?

Depuis 2008, les dizaines de milliards qu'ils ont reçues des États et des banques centrales et qu'ils n'ont jamais cessé de recevoir ont surtout alimenté la spéculation sur les marchés financiers, et finalement aggravé la crise. Et il n'y a pas de raison qu'ils procèdent autrement aujourd'hui. Même s'ils savent qu'ils conduisent la société à la catastrophe. Mais après eux le déluge !

Partager