Syrie : Un an de lutte contre la dictature29/03/20122012Journal/medias/journalnumero/images/2012/03/une2278.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Syrie : Un an de lutte contre la dictature

La révolte du peuple syrien contre le régime dictatorial de Bachar el-Assad, commencée en mars 2011, dure maintenant depuis plus d'un an. Face aux manifestations incessantes, le régime a opté pour la manière forte, faisant donner la police et l'armée contre des manifestants désarmés, et les chars contre les combattants dotés d'armes légères de l'Armée syrienne libre (ASL). La répression, en un an, a tué environ 9 000 personnes dont une majorité de civils. Des milliers d'opposants ont été arrêtés et souvent torturés de façon ignoble. 16 000 Syriens ont fui vers la Turquie ou la Jordanie.

Les grandes puissances, qui s'accommodent depuis toujours du régime de fer du clan Assad au pouvoir depuis 1970, condamnent maintenant cette répression après avoir attendu des mois pour le faire. Depuis, elles dénoncent le veto mis par la Chine et la Russie, grand fournisseur d'armes du régime syrien, à toute intervention du type de celle perpétrée en Libye. En fait, ce qui les préoccupe n'est pas le sort de la population privée des libertés et des droits les plus élémentaires depuis des dizaines d'années, mais de préserver leurs intérêts si la dictature finissait par tomber. Il leur faudrait alors au moins pouvoir dire qu'ils avaient pris des distances avec ce régime.

Cette attitude des grandes puissances se combine avec celle des puisances régionales comme l'Arabie saoudite et le Qatar, autres régimes de dictature qui se montrent subitement préoccupés de défendre les droits du peuple syrien, laissant même entendre qu'ils pourraient faire parvenir des armes aux insurgés. En l'occurrence, ils sont intéressés à l'éventuel remplacement d'Assad par un pouvoir qui soit moins ami de l'Iran et qui leur soit plus proche. Mais en quoi un tel pouvoir répondrait-il aux aspirations de la population ?

Des dizaines d'années de dictature ont alimenté la soif de liberté qui s'exprime aujourd'hui en Syrie. Ces dernières années, le secteur d'État a été démantelé au profit d'une bourgeoisie dont le luxe affiché est provocant pour une population dont au moins le tiers vit sous le seuil de pauvreté. Deux millions de personnes ne peuvent subvenir à leur alimentation, un million d'ouvriers agricoles n'ont aucun droit et la grève est interdite depuis 1985.

Pour répondre à leurs aspirations, les travailleurs et les masses pauvres ne peuvent compter que sur eux-mêmes. Même si le régime finit par tomber, l'exemple de la Tunisie et de l'Égypte montre que les revendications essentielles de la population ne sont pas satisfaites pour autant. Ce ne sont ni les grandes puissances, ni les dirigeants arabes, ni même bon nombre des dirigeants de l'opposition qui se sont affichés comme candidats à la succession d'Assad qui chercheront à les satisfaire.

Partager