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- Lutte ouvrière n°2395
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Leur société
Alstom General Electric : Dans la corbeille de mariage, rien de bon pour les travailleurs
« L'opération se traduira dès la première année par une forte amélioration du bénéfice par action », a déclaré Immelt après une grosse campagne de publicité de GE « made in France » dans tous les médias, où il a été seriné que ce projet « formidable » allait « créer un champion mondial de l'énergie ».
Dans cette affaire, après avoir poussé une offre concurrente - celle de Siemens, flanqué de Mitsubishi - qui ne plaisait à personne d'ailleurs, le gouvernement a décidé que l'État entrerait pour 20 % dans le capital d'Alstom en rachetant des parts de Bouygues, principal actionnaire actuel. De plus, avec des représentants de l'État au conseil d'administration d'Alstom, la constitution de coentreprises Alstom-GE dans l'énergie (vapeur, éolien, hydraulique, réseaux), hormis les turbines gaz, avec des hauts dirigeants habitant en France, cela permettrait, selon Montebourg, d'exercer une « vigilance patriotique ». La fortune de Bouygues sera la première à en bénéficier, puisque cette entrée de l'État dans le capital d'Alstom lui permettra de récupérer 2 milliards supplémentaires en vendant ses actions au prix fort le moment venu.
Quant aux emplois, la promesse de General Electric d'en créer mille en France n'enthousiasme que Montebourg et tous les fabricants d'illusions qui continuent à faire croire que les interventions de l'État, ses prises de participation au capital de requins comme Alstom, sont un espoir pour les travailleurs.
Aujourd'hui, les salariés d'Alstom, qu'ils travaillent dans l'énergie ou dans le ferroviaire, comme ceux de GE d'ailleurs, sont beaucoup plus dans l'expectative que dans les réjouissances. Des plans de suppressions d'emplois et de licenciements d'intérimaires, de prestataires dans les bureaux, sont à l'oeuvre partout. À FLO (le secteur ferroviaire) la direction continue de dire qu'il y aurait un sureffectif de 100 sur 660 et de multiplier les pressions pour faire partir des « volontaires » sur d'autres sites. Il n'y a aucun mot du gouvernement, ni a fortiori de Kron, sur la poursuite du plan d'économies et des 1 300 licenciements et suppressions de postes engagé, dans toutes les filiales du groupe
Côté GE, qui emploie 1 700 travailleurs à Belfort fabriquant des turbines à gaz, beaucoup sont bien conscients qu'il n'est pas dans l'intention d'Immelt que les 12,35 milliards d'euros mis sur la table pour racheter Alstom énergie servent à embaucher vraiment, ni même à annuler le plan de centaines de suppressions d'emplois en cours en France dans les différentes entreprises de GE.
Il paraît que, dans ce contrat de mariage, c'est la première fois que le gouvernement a fait inclure des pénalités financières, 50 000 euros par emploi non créé, une broutille, en cas de non-respect d'engagements dont on ne sait même pas ce qu'ils recouvrent précisément. Au fond, c'est l'aveu que le gouvernement est disposé à laisser les patrons agir à leur guise, contre les travailleurs, quitte à payer un prix modique.
Cette intervention de l'État en faveur de requins capitalistes est approuvée par les politiciens de gauche comme de droite, par Mélenchon qui ne trouve rien d'autre à dire que « On a évité le pire », ainsi que par les dirigeants syndicaux qui l'ont tous réclamée. Kron, lui, ne s'y trompe pas quand il déclare devant des journalistes de la finance : « Je pense qu'il (l'État) ferait un bon investissement dans Alstom, c'est une société qui a un fort potentiel de création de valeur et je m'attends à ce que tous les actionnaires en bénéficient. » Et il ajoute : « Étant donné que son entrée au capital et au conseil d'administration aurait lieu après l'opération avec GE, l'État n'aura pas son mot à dire sur l'utilisation qui sera faite du produit de cession de la branche énergie. »
Pour défendre leurs revendications vitales, les travailleurs ne pourront compter que sur eux-mêmes et leurs luttes.