StocaMine (Haut-Rhin) : Enfouissement des déchets, une société à irresponsabilité illimitée17/09/20142014Journal/medias/journalnumero/images/2014/09/une2407.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

StocaMine (Haut-Rhin) : Enfouissement des déchets, une société à irresponsabilité illimitée

Dans l'affaire de l'entreprise d'enfouissement de déchets ultimes StocaMine à Wittelsheim (Haut-Rhin), le gouvernement a finalement décidé le retrait maximum des déchets mercuriels et arséniés, soit jusqu'à 93 % du mercure contenu dans le site de stockage. À condition que le retrait soit techniquement réalisable ; dans le cas contraire, le seuil retenu serait d'au moins 56 %.

À la fin des années 1990, et comme moyen de reconversion des mines de potasses d'Alsace (MDPA) sur le déclin, l'État avait validé la création d'une entreprise d'enfouissement de déchets ultimes dans les anciennes galeries de la mine Joseph-Else. À l'époque, le projet était présenté comme sans danger pour l'environnement et la population. Il devait créer des emplois, générer des revenus, et était donc largement soutenu par les élus.

Entre 1999 et 2002, 44 000 tonnes de déchets ultimes y ont été stockées à 600 mètres de profondeur.

En 2002, des restes de produits phytosanitaires et d'autres produits inflammables ont provoqué un incendie qui n'a été maîtrisé qu'au bout de plus de deux mois, intoxiquant plus de 70 mineurs.

StocaMine et son PDG ont été condamnés pour n'avoir pas procédé à la vérification du contenu des lots de déchets qui ont provoqué l'incendie, et ce malgré de multiples avertissements du personnel.

Depuis, l'incertitude règne concernant l'avenir du site. Certains experts s'inquiètent du risque de pollution à long terme de la nappe phréatique d'Alsace, la plus grande d'Europe. En effet, des visites des galeries ont montré que certaines d'entre elles se rétrécissent au cours du temps, et beaucoup plus rapidement qu'envisagé initialement. Les parois risquent alors d'endommager les fûts ou les sacs de déchets. Il semble aussi que le risque sismique, connu dans la région, n'ait pas été pleinement pris en compte.

StocaMine a déjà coûté des centaines de millions d'euros à l'État en créant de multiples problèmes, sans en résoudre aucun. L'affaire montre l'irresponsabilité des décideurs, toujours prêts à soutenir des entreprises privées avides de profits.

S'il est effectivement nécessaire de trouver des solutions pour les déchets ultimes, qui sont produits en quantités toujours plus grandes, il faut en planifier le traitement et réfléchir complètement aux conséquences. Au lieu d'enfouir le maximum de déchets aussi vite que possible une fois l'autorisation obtenue, des essais auraient dû être faits sur plusieurs années, avec de petites quantités, en faisant toutes les mesures nécessaires, de façon à parvenir à une décision rationnelle. Mais, pour la direction de StocaMine, il fallait être rentable rapidement, et donc enfouir beaucoup et vite.

Maintenant, il va falloir ressortir les déchets, avec tous les risques que cela comporte, en particulier pour les travailleurs qui en seront chargés, et c'est à nouveau le contribuable qui devra payer la facture.

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