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- Lutte ouvrière n°2444
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Editorial
Républicains, PS, FN : une offre politique diversifiée, mais toujours au service de la bourgeoisie
En enterrant, samedi 30 mai, l’UMP et en la remplaçant par Les Républicains, Sarkozy a avancé dans sa stratégie de reconquête de l’Élysée. Mais le « rassemblement » qu’il espère, autour de lui, bien sûr, n’est pas gagné.
Juppé a si peu goûté au sacre de Sarkozy qu’il s’est empressé de déclarer dès le lendemain : « Sarkozy a le parti, moi, pour l’instant, j’ai l’opinion. » Les coups bas seront d’autant plus nombreux que leur affrontement n’a pas de fondement politique autre que leur ambition.
La présidence de Sarkozy est assez récente pour que les travailleurs se souviennent avec quelle arrogance il a gouverné au service des possédants et pour savoir que, dans sa bouche, les mots « identité », « République » et « laïcité » sont utilisés pour exclure et distiller les préjugés racistes afin de concurrencer le FN.
Mais les travailleurs plus âgés se rappellent sans doute comment, avec son attaque contre la Sécu, Juppé avait déclenché en 1995 les manifestations les plus importantes de ces dernières décennies. « Droit dans ses bottes », il avait menacé de passer en force, il dut finalement reculer face à l’ampleur des mobilisations.
Si les Sarkozy, Juppé et Fillon peuvent nourrir l’espoir de revenir à l’Élysée malgré leurs casseroles judiciaires et leur passif politique, on le doit à la politique de Hollande.
Avec 500 000 chômeurs de plus, le bilan du gouvernement est accablant. Quel salarié n’a pas vu ses conditions de travail et son niveau de vie se dégrader à cause de l’offensive patronale et de la politique de Hollande ?
Comment ne pas être écœuré de le voir attaquer les personnels hospitaliers déjà exténués par leurs conditions de travail en leur demandant, comme le fait Martin Hirsch, directeur de l’AP-HP (Hôpitaux de Paris), de renoncer à des jours de RTT ou d’accepter des milliers de suppressions d’emplois ?
Les socialistes se disent soucieux de la gestion des deniers publics. Mais pendant que Sanofi, Peugeot ou Carrefour empochent des milliards d’argent public sans respecter aucun de leurs engagements à embaucher ou à investir, il faudrait que les hôpitaux fassent des économies sur le personnel et sur les médicaments qu’ils délivrent gratuitement !
Le chantage incessant à la compétitivité et au paiement de la dette utilisé par les socialistes pour favoriser le patronat et entériner les licenciements est la copie conforme de la propagande de la droite. Rien d’étonnant donc que la droite revienne en position de force.
Mais, pire, Hollande prépare aussi le terrain au Front national. Le FN est le dernier charlatan arrivé sur le marché et son principal atout est de n’avoir jamais participé au gouvernement.
Mais il suffit de voir comment il gère aujourd’hui des municipalités, en augmentant les prix de la cantine, en supprimant des postes d’employés municipaux et en coupant dans les subventions accordées aux associations populaires ou aux centres sociaux, pour comprendre qu’il prône la même politique de sacrifices aux classes populaires que la droite et le PS.
Ce à quoi il faut ajouter les humiliations, les tracasseries et la politique discriminatoire subies par ceux qui ont le malheur de ne pas avoir la carte d’identité française. Car, malgré les fâcheries entre le père et la fille Le Pen, le fonds de commerce du FN reste le racisme.
La droite, le FN et le PS se concurrencent pour offrir leurs services à la bourgeoisie. Entre tous ces partis, les possédants ont le choix, un choix qui va même jusqu’à la gauche de la gauche. Car si le PC et Mélenchon parlent de « justice sociale », ils n’envisagent pas de combattre les intérêts fondamentaux de la bourgeoisie, ce qui les condamne à mener la politique des classes possédantes.
À choisir entre ces partis politiques, les travailleurs seront perdants car tous réfléchissent du point de vue et sur les problèmes de la bourgeoisie. Les travailleurs ont besoin d’un parti qui ne parte pas des intérêts de celle-ci mais exclusivement de leurs intérêts d’exploités.
Il faut un parti qui dise clairement qu’il ne sera pas possible de mettre fin au chômage de masse, à la précarité et à l’aggravation de l’exploitation sans demander des comptes à la bourgeoisie, sans remettre en cause ses dividendes éhontés et ses fortunes insolentes. Il faut un parti qui fasse entendre le camp des travailleurs et qui ne craigne pas, pour défendre les intérêts du monde du travail, de remettre en cause l’ordre social.
Éditorial des bulletins d’entreprise du 1er juin