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Leur société
Accident de TGV : pas une « erreur humaine »
Expertise après expertise, on en sait maintenant plus sur les causes du déraillement de la rame d’essai du TGV qui avait fait 11 morts et 42 blessés le 14 novembre 2015 au niveau d’Eckwersheim, près de Strasbourg. Et c’est l’organisation tout entière de ce type d’essai qui est pointée du doigt pour « manque de rigueur et sous-estimation des risques », d’après le rapport des enquêteurs.
L’enquête montre que l’accident est dû à une vitesse excessive, le train ayant atteint 243 km/h sur une portion limitée à 176 km/h. Mais trois jours avant le déraillement, lors d’un autre essai, le conducteur avait déjà eu de grandes difficultés à freiner suffisamment pour ne pas dépasser la vitesse limite, à l’endroit même où l’accident allait ensuite se produire. Et cela n’avait pas été pris en compte.
Cette sous-évaluation du risque d’accident est à l’image du manque de rigueur général, tant dans l’organisation des essais que dans les procédures d’urgence, mis en évidence par l’enquête commandée par le CHSCT (comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail). Le rapport dénonce en particulier le fait de désactiver le contrôleur automatique de vitesse en situation de survitesse, sans le remplacer par un système équivalent, ce qui élimine toute possibilité de correction d’une possible erreur humaine. Il met aussi en cause les documents réglementant ces essais, trop approximatifs sur les responsabilités de chacun. Il revient enfin sur l’usage d’embarquer des invités lors de ces essais, qui, malgré son interdiction formelle, était institutionnalisé au point que des boissons et des repas étaient servis à ces invités !
Il a donc fallu neuf mois pour que la responsabilité de l’entreprise Systra, filiale de la SNCF et de la RATP spécialisée dans le conseil et l’ingénierie des transports et qui était chargée de l’organisation de cet essai, soit dénoncée. Systra a refusé de fournir tous les documents demandés par les enquêteurs. Car, pour les dirigeants de ces entreprises, il est bien plus facile de parler d’une prétendue erreur humaine que d’assumer les conséquences dramatiques de leur incurie.