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- Lutte ouvrière n°2515
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Leur société
Sur le blog de campagne de Nathalie Arthaud : les ficelles des patrons pour accroître l’exploitation
Lors de mes rencontres avec les équipes militantes, à Toulon, Arles, Martigues, Montpellier et Sète, plusieurs camarades ont témoigné comment de grandes entreprises utilisent toutes les ficelles pour sous-payer les travailleurs.
Depuis longtemps les producteurs de fruits et de légumes des Bouches-du-Rhône recourent au travail saisonnier. Les salaires, les conditions de travail et d’hébergement indignes imposés aux saisonniers sont connus et ont donné lieu à plusieurs luttes d’ampleur. Des ouvriers marocains et tunisiens se sont battus, il y a quelques années, pour obtenir des CDI et pour se faire payer les heures supplémentaires. Aujourd’hui les mêmes patrons rapaces se sont tournés vers les entreprises d’intérim basées en Espagne ou au Portugal pour exploiter des ouvriers de ces pays, mais aussi colombiens, péruviens ou équatoriens.
Mais cette politique de surexploitation est aussi le fait de grandes firmes. C’est le cas par exemple dans les chantiers navals de la région où, aux côtés des 200 travailleurs embauchés en CDI, travaillent jusqu’à 1 800 intérimaires et travailleurs détachés roumains, au gré des marchés passés. C’est le le cas aussi sur tous les chantiers du BTP de la région ou Eiffage, Vinci, Bouygues et autre géant du secteur, construisent des centres commerciaux, des tours gigantesques avec des milliers de travailleurs intérimaires et des travailleurs détachés.
Les travailleurs détachés sont censés percevoir le salaire minimum en vigueur en France, les patrons ne versant que les cotisations sociales du pays d’origine, souvent très inférieures. Mais de nombreux exemples montrent qu’en passant par toute une cascade de sous-traitants et d’agences d’intérim, les grands groupes en profitent pour ne même pas payer ce minimum. Dans les faits, certains ouvriers ne sont pas payés plus de 500 euros mensuels.
Le Pen, mais aussi nombre de politiciens de droite et de gauche, présentent les travailleurs détachés comme responsables de la montée du chômage et des bas salaires. Mais qui organise la mise en concurrence des travailleurs entre eux si ce n’est le patronat ? Qui fixe ces salaires de misère pour en profiter, si ce n’est ces grands groupes richissimes ? Tous ceux qui présentent d'une façon ou d'une autre les travailleurs détachés et étrangers comme des concurrents ou des ennemis des travailleurs d'ici font le jeu des patrons. C’est pourquoi lespropos de Mélenchon contre les travailleurs polonais ou roumains « qui volent le pain des ouvriers d’ici » sont répugnants.
Cette politique patronale ne date pas de l’arrivée des travailleurs détachés, ni même de l’arrivée de travailleurs d’autres pays. Elle est aussi vieille que le capitalisme lui-même. Au XIXe siècle, c’était l’arrivée des femmes dans les usines qui était vue comme une concurrence déloyale, faisant baisser les salaires et mettant les hommes au chômage. Ce sont les combats des travailleurs qui ont imposé des limites à l’exploitation et les mêmes droits pour l’ensemble des travailleurs. Ce combat est à poursuivre. C’est la lutte solidaire des travailleurs, en CDI et précaires, français et immigrés, qui permettra de riposter aux manœuvres du patronat pour accroître l’exploitation.