Médecine du travail : la santé des salariés méprisée11/01/20172017Journal/medias/journalnumero/images/2017/01/2528.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Médecine du travail : la santé des salariés méprisée

Au 1er janvier 2017, les décrets de la loi El Khomri concernant la médecine du travail sont entrés en application. Le rôle de celle-ci est considérablement réduit.

La visite d’embauche, auparavant obligatoire, est supprimée. Elle est remplacée par une simple visite d’information et de prévention dans les trois mois après l’arrivée du salarié dans l’entreprise. La présence d’un médecin n’est plus exigée, car il est précisé que cette visite peut être effectuée par un professionnel de santé, interne ou infirmier. L’auscultation est remplacée par de l’information.

La fréquence des visites périodiques est considérablement réduite. Officiellement, elle avait déjà été portée à deux ans. Dorénavant, elle est portée à… cinq ans, toujours sous la forme de visites d’information et de prévention. Un responsable de la CGT peut conclure à juste titre : « Au bout de cinq ans, le salarié n’est même pas sûr d’avoir un médecin en face de lui. »

Seuls certains salariés particulièrement exposés connaîtront un sort particulier : les mineurs, les handicapés, les salariés occupant un poste à risque, ceux qui travaillent la nuit, devront passer une vraie visite, avec le médecin du travail, à l’embauche. Mais, pour eux aussi, c’est un recul puisque leurs visites périodiques seront espacées.

Le gouvernement a, comme d’habitude, tenté de justifier ce qui est un profond recul. Il a parlé d’adaptation, de volonté de coller à la réalité, de tenir compte de la pénurie de médecins du travail. En effet ils étaient 6 400 en 2010, 5 000 en 2014, dont 40 % de plus de 60 ans. Ils ne seront plus que 2 500 en 2020. Ils devaient faire face à 22 millions de visites annuelles d’embauche, et de visites périodiques. Autant dire qu’une grande partie des salariés ne les voyaient que rarement et, le plus souvent, pour ce qui ressemblait à une visite administrative. Mais la faute à qui, sinon aux gouvernements qui n’ont jamais donné les moyens de mettre en place une véritable médecine de prévention, en particulier pour la détection et le suivi des maladies professionnelles, sinon aux patrons qui ont souvent regardé ces médecins d’un œil méfiant, voire pire ?

Malgré toutes ses limites et insuffisances, cette médecine du travail avait un rôle plutôt protecteur pour les salariés, surtout dans cette période de dégradation des conditions de travail. Le gouvernement, cédant encore une fois aux demandes pressantes du patronat, a réussi à amoindrir ses maigres missions. Le rouleau compresseur de la loi travail et des autres continue son nivellement par le bas.

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