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Dans les entreprises
Air France : ça baigne, et c’est le patron qui le dit
Dans un communiqué qu’il vient de publier, le nouveau patron d’Air France-KLM se félicite de résultats trimestriels « robustes », d’un chiffre d’affaires qui augmente de 4 % et d’un bénéfice net du groupe, 786 millions d’euros, qui s’envole (+ 22,6 % !) par rapport au même trimestre de 2017.
Cela ne ressemble guère à l’épouvantail d’une possible faillite, qu’il y a trois mois encore la direction et le gouvernement agitaient, en incriminant ce qu’ils appelaient l’irresponsabilité de grévistes qui réclamaient 6 % de rattrapage salarial.
En fait, la direction n’en parle plus car elle n’en a plus besoin. La grève pour les salaires a été levée cet été par l’intersyndicale, ce qui a permis à la direction de réaliser ce qu’elle appelle une « bonne performance commerciale ». Elle est d’ailleurs trop modeste, alors que le commentaire du site économique La Tribune évoque un « bénéfice d’exploitation de 1,065 milliard d’euros, largement supérieur aux attentes des analystes, qui prévoyaient déjà de bons résultats ».
Le rapport publié le 31 octobre par Air France-KLM sur ses résultats au troisième trimestre démarre en fanfare dès le premier paragraphe : « 28,5 millions de passagers transportés, (soit une) progression de 2,3 % » sur un an ; « recette unitaire (par passager) en hausse de 2 % à change constant » ; « forte croissance des revenus (du groupe), en hausse de 4 % ».
Quand on rentre dans le détail, c’est encore plus parlant, surtout s’agissant des salaires, que médias et gouvernement disaient trop élevés durant la grève. Dans ce rapport, la direction se flatte de « coûts salariaux constants et (d’une) hausse de productivité du personnel ». Et, bien que la compagnie compte 1 400 postes en plus sur un an, dont ceux de 250 pilotes qu’elle ne paie évidemment pas au smic, elle déclare que « les coûts salariaux net ont reculé de 0,6 % ». Même, dit-elle, ils « auraient été stables en incluant les coûts relatifs au nouvel accord salarial d’Air France », signé en octobre.
En clair : avec plus de personnel, la direction a déboursé moins en salaires. Et, même si elle répercutait les 2 % qu’elle a fini pas accorder du fait de la grève, elle n’aurait pas déboursé plus qu’en 2017, tout en ayant 1 400 salariés supplémentaires qui lui rapportent du profit !
Pas étonnant que la Bourse ait salué de tels chiffres, et ce qu’ils recouvrent d’intensification de l’exploitation des salariés, par une hausse du cours de l’action de la compagnie.
Certains syndicats se vantent d’avoir signé un accord salarial qui serait une « avancée ». Air France et ses actionnaires savent que le véritable gros bonus est pour eux, et eux seuls, comme l’écrit noir sur blanc la direction. Avec sans doute un peu trop de franchise car, dans Flash-Actu, son outil de communication à destination du personnel, elle s’évertue à minorer ses résultats.
Craint-elle que ses salariés fassent leurs comptes ? Car avec 2 % sur les salaires en 2018, auxquels s’ajouteront 2 % en 2019, ce 2 + 2 ne fera jamais les 22 % et quelque de hausse de son bénéfice net.