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- Lutte ouvrière n°2652
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Dans les entreprises
Anciens de Chausson : la fierté d’un combat
Dimanche 19 mai, 240 anciens travailleurs de Chausson Creil avec leur famille ou leurs amis (venus parfois de très loin) étaient rassemblés à midi sur le site de leur ancienne usine, à Montataire dans l’Oise.
Vingt-trois ans après la fermeture de l’usine, en son temps la plus grande de Picardie, ayant regroupé jusqu’à 5 000 ouvriers, ce n’était pas un rassemblement d’anciens pour se remémorer le bon temps. De bon temps, il n’y en a jamais eu. Cette usine était en effet un lieu d’exploitation féroce, où le mépris antiouvrier distillé par les hommes de main des actionnaires, Renault et la famille Peugeot, était la norme.
Mais si les anciens travailleurs de Chausson ont répondu avec enthousiasme à l’appel des anciens syndicalistes engagés dans la lutte, c’était pour honorer le combat acharné qu’ils ont mené trois années durant pour pouvoir quitter l’usine dans des conditions décentes.
Roland Szpirko, un des porte-parole de ce combat, l’a évoqué : « Nous, travailleurs, avons dû affronter et défier tous les gouvernements en place, pendant ces trois ans de lutte, de novembre 1992 à octobre 1995. Nous avons dû affronter Martine Aubry et Mitterrand, Balladur puis Chirac, et enfin Jospin pour nos copains de Gennevilliers. Il y a eu aussi à affronter l’appareil d’État sous toutes ses formes, des juges aux policiers, en passant par les préfets, du tribunal de commerce aux tribunaux de grande instance. (…)
Mais ça n’a pas marché, parce que des centaines d’entre nous, des milliers, ont décidé de prendre le pouvoir dans cette lutte et de la mener aussi loin qu’il faudrait (…)
Ce sont les OS, les ouvrières et ouvriers de production qui ont commandé et se sont fait obéir par les cadres et toute la maîtrise. Ceux d’en bas, qu’on méprisait, ont pris conscience qu’ils pouvaient décider, eux et eux seuls, de ce qui était le mieux pour eux et les autres. (…)
Nous avons le devoir de transmettre notre expérience, ce message d’espoir dans les capacités des nôtres, les travailleurs. »
Après un repas fraternel, les discussions se sont poursuivies pendant plus de deux heures. L’émotion de se retrouver, la fierté du combat mené ensemble ont marqué cette rencontre.