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- Lutte ouvrière n°2652
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Editorial
Après les européennes, il faut que le camp des travailleurs se renforce
Le Pen-Bardella et Macron-Loiseau se disent satisfaits des résultats du scrutin européen. Le RN termine la course en tête, et La République en marche estime avoir limité les dégâts. Tout avait été fait pour que les électeurs pensent qu’ils n’avaient le choix qu’entre le représentant des banquiers et la millionnaire d’extrême droite, entre la peste et le choléra. La liste Les Républicains enregistre un score faible. Une grande partie des électeurs de droite votent maintenant pour cet ancien ministre de Hollande qu’est Macron : il mène une politique antiouvrière qui les comble.
Dans une certaine mesure, le résultat des écologistes témoigne d’une inquiétude légitime sur l’avenir de la planète. Mais, sans une remise en cause du fonctionnement de l’économie, la protection de l’environnement ne peut que buter sur les intérêts des grands groupes capitalistes. Des Verts à Hulot, les ministres écologistes ont servi d’alibi à bien des gouvernements, plus soucieux des profits de Total et autres pollueurs que de l’environnement.
Quant aux salariés, aux chômeurs, aux retraités des classes populaires, ils sont largement restés à l’écart du scrutin. Aux abstentionnistes, nombreux dans les communes ouvrières, il faut ajouter les travailleurs immigrés qui, bien que vivant en France et y payant des impôts, sont privés du droit de vote.
C’est tout le système politique qui est en cause : quel que soit le parti vainqueur dans les urnes, ce sont toujours les capitalistes qui dirigent. Et c’est encore plus criant pour ce Parlement européen, dont on ne sait pas vraiment à quoi il sert.
Lorsque l’alternance entre la droite et la gauche gouvernementale fonctionnait, cette dernière était encore, par son histoire, liée au mouvement ouvrier, ce qui attirait la sympathie des classes populaires. Mais elle a défendu les institutions, en expliquant aux travailleurs qu’ils pouvaient changer leur sort par le vote. Aujourd’hui, après des années au pouvoir, elle s’est discréditée. En France, le RN de Le Pen s’est renforcé. En Italie, en Hongrie ou en Belgique, d’autres courants politiques xénophobes, partisans de régimes autoritaires, ont également progressé, comme en témoignent les résultats du scrutin.
Face à cela, certains ont l’ambition de reconstruire la gauche, de revenir au gouvernement pour gérer les affaires des capitalistes, comme l’ont fait Hollande et d’autres.
Ce n’est pas ainsi qu’on peut s’opposer à l’extrême droite et à sa politique réactionnaire. Ce qu’il faut reconstruire, ce n’est pas la gauche de gouvernement, c’est un parti ouvrier, défendant réellement les intérêts du monde du travail.
Les capitalistes mènent une guerre sociale. La politique de Macron depuis deux ans, dans la continuité de Sarkozy et de Hollande, en est l’expression. Et d’autres attaques sont à venir, contre les retraites ou contre les chômeurs. Aussi, le camp des travailleurs n’est pas une formule. Avant d’être un choix politique conscient, c’est une réalité sociale. Et, pour défendre ses intérêts, ce camp doit mener la lutte de classe.
Pour modestes que soient les résultats de Lutte ouvrière, soit 176 433 voix, ils confirment la présence d’un courant politique qui maintient la tradition révolutionnaire du mouvement ouvrier, l’internationalisme face à la montée du nationalisme et de la xénophobie. Renforcer ce courant, lui donner la force d’intervenir dans la lutte de classe, est essentiel en cette période d’offensive de la classe capitaliste. Il est indispensable de construire un parti représentant vraiment les intérêts des travailleurs, et qui ne soit pas prêt à les brader pour quelques strapontins ministériels.
La société est aujourd’hui ravagée par la crise économique et la misère. Elle est sous la menace de guerres et de catastrophes écologiques. L’avidité de la bourgeoisie, la classe qui dirige le monde, la rend incapable de répondre aux problèmes qui se posent à l’humanité. Le fonctionnement du capitalisme exige qu’il renforce et perpétue l’exploitation et l’oppression du prolétariat. Tôt ou tard, cette oppression provoquera des révoltes. C’est à travers celles-ci que la classe ouvrière pourra mettre fin à la domination du grand capital.
Le monde du travail en aurait la force. Mais il lui manque la conscience de ses formidables capacités. Cette conscience, un parti ayant pour objectif de mener la révolution sociale, un parti communiste révolutionnaire, doit l’incarner. L’avenir du monde du travail et, au-delà, de toute l’humanité en dépend.
Éditorial des bulletins d’entreprise du 27 mai 2019