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Dans les entreprises
Cora : licenciées pour avoir refusé de travailler le dimanche
Deux caissières de Cora, à Saint-Malo, ont reçu une lettre de licenciement fin avril pour insubordination sans préavis et sans indemnités.
Le motif est clairement indiqué dans la lettre de la direction : « Les explications recueillies auprès de vous lors de notre entretien ont été claires et vous avez mentionné le refus total de venir travailler le dimanche matin. Au vu de ces éléments, je me vois contraint de vous notifier votre licenciement immédiat pour faute grave. » L’une des employées, caissière, travaillait à Cora depuis dix-huit ans, l’autre depuis huit ans. Sur leur contrat de travail était clairement stipulé qu’elles devaient travailler du lundi au samedi. Aussitôt le ministère du Travail a diligenté une enquête, mais il s’est senti obligé d’expliquer que ce licenciement n’avait rien à voir avec la loi Macron de 2015, ni avec les ordonnances de 2017 : « La situation du magasin Cora est celle d’un établissement à prédominance alimentaire, qui peut ouvrir de plein droit le dimanche jusqu’à 13 heures sans autorisation. »
Seulement cet hypermarché n’ouvre le dimanche que depuis 2018, et ce malgré l’opposition de la majorité des salariés. Et ce sont bien les différentes remises en cause des droits des travailleurs menées sous Macron qui confortent la direction de Cora dans l’idée qu’elle peut même outrepasser la loi. Rien n’autorise en effet la direction à obliger les salariés à travailler le dimanche alors que leur contrat de travail ne le prévoit pas.
Cora n’en est d’ailleurs pas à son coup d’essai, puisqu’en 2015 sa direction avait licencié sept salariés qui avaient refusé de signer un avenant à leur contrat de travail, qui voulait les obliger à travailler le dimanche. À l’époque, pour justifier ces licenciements, la direction du groupe avait invoqué un motif économique. Le tribunal des prud’hommes vient de donner raison à Cora, en s’appuyant sur cet argument.
Ainsi, contrairement à l’argumentation officielle, ce qui prévaut en matière de travail le dimanche n’est pas le volontariat. Les supermarchés font pression sur les salariés pour les contraindre à venir travailler ce jour-là et, quand cela ne suffit pas, ils les licencient en s’asseyant sur le Code du travail. Leurs directions savent qu’il est de plus en plus difficile à un salarié de gagner aux Prud’hommes et, quand bien même il y parvient, les lois Macron ont rendu les indemnités dérisoires. Ainsi, un licenciement, même illégal, devient bon marché ! Ces patrons ne reculeront que si les salariés imposent un autre rapport de force.