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Côte d’Ivoire : l’impérialisme français intouchable
Une commission composée de sept hauts magistrats a décidé le 17 mai qu’il n’y a pas lieu d’enquêter sur les anciens ministres Dominique de Villepin, Michèle Alliot-Marie et Michel Barnier.
Ces anciens ministres sont mis en cause pour avoir protégé la fuite des pilotes auteurs du bombardement de la base militaire française de Bouaké en Côte d’Ivoire, le 6 novembre 2004, par les forces armées du chef d’État de l’époque, Laurent Gbagbo.
Neuf soldats français et un civil américain furent tués dans cette attaque que Gbagbo qualifia d’erreur. L’armée française était alors présente à Bouaké, prétendument pour s’interposer entre les forces de Gbagbo occupant le sud du pays et celles des rebelles soutenant Alassane Ouattara, qui s’étaient rendues maîtresses du Nord. Après l’attaque, les représailles furent immédiates. Sur ordre de Jacques Chirac, la totalité de la petite aviation ivoirienne fut anéantie dans l’heure qui suivit. Lorsque des manifestants ivoiriens, choqués de cette destruction, manifestèrent devant la base française à l’aéroport d’Abidjan et devant l’hôtel Ivoire, l’armée française ouvrit le feu, faisant plusieurs dizaines de victimes civiles.
Il y eut ensuite en France tout un battage médiatique autour de la campagne d’intimidation menée par les « jeunes patriotes » favorables à Gbagbo contre les Français présents en Côte d’Ivoire, lesquels furent rapidement évacués. Les images des fusillades françaises ne finirent par apparaître sur les écrans que lors d’une émission de Canal+ fin novembre. La Ligue des droits de l’homme demanda l’ouverture dans les plus brefs délais d’une enquête sur le comportement inadmissible des forces armées et la poursuite des coupables de la sanglante répression menée à Abidjan. Pour expliquer son refus, la ministre Alliot-Marie déclara que ce serait « une défiance vis-à-vis de notre armée ».
Les pilotes auteurs du bombardement de Bouaké, en fuite, furent arrêtés un peu plus tard par la police togolaise. Lorsqu’elle voulut les remettre aux autorités françaises, elle se vit intimer l’ordre de les libérer, sans même qu’il soit procédé à un interrogatoire. Cette complaisance française à l’égard de ces pilotes – des mercenaires biélorusses en l’occurrence – qui avaient bombardé la base française était pour le moins suspecte. Faisait-elle suite à une manipulation ? En tout cas, après le bombardement et la destruction de l’aviation de Gbagbo sous ce prétexte, la France prit finalement le parti de Ouattara et l’aida à s’emparer du pouvoir.
En tout cas, pendant quinze ans, les gouvernements français successifs ont tout fait pour que les dessous de cette affaire restent cachés, montrant une solidarité sans faille pour couvrir les manœuvres et les meurtres de leur armée en Afrique.