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Elections européennes
Europe écologie-Les Verts : une “vague verte” porteuse de désillusions
Le score réalisé par Yannick Jadot et sa liste Europe écologie-Les Verts apparaît comme un des faits marquants des élections européennes. Avec 13,47 % des voix, il progresse de 4,5 % par rapport aux élections précédentes, celles de 2014. Mais surtout les écologistes apparaissent comme la troisième force politique du pays derrière le Rassemblement national et La République en marche, devançant nettement les partis de gauche, le Parti socialiste, La France insoumise et le Parti communiste.
Cette progression est d’autant plus significative qu’elle se confirme dans la plus grande partie de l’Europe. En Allemagne, avec près de 22 % des voix, les Verts doublent leur score d’il y a cinq ans. Ce vote écologiste traduit certainement une préoccupation croissante dans l’électorat européen, et en particulier de sa composante la plus jeune, concernant la protection de la planète, ravagée par les méfaits du capitalisme. C’est cette inquiétude que reflètent aussi les marches pour le climat qui se déroulent dans toute l’Europe depuis plusieurs mois, la dernière en date ayant réuni vendredi 24 mai 15 000 manifestants à Paris et ayant rassemblé d’autres cortèges dans plusieurs villes de France.
La plupart des grands partis, soucieux de capter cette sensibilité, avaient d’ailleurs verdi leurs programmes et leurs listes, comme Macron qui avait débauché le directeur d’une organisation pour la protection de la nature pour figurer en deuxième place sur la liste LREM, après avoir pris Nicolas Hulot comme ministre.
Le fait qu’un nombre important d’électeurs se soient portés sur des listes reprenant les préoccupations écologistes ou défendant les migrants est certes plus réjouissant que la montée parallèle de l’extrême droite, même si ce vote n’est manifestement pas le fait de la partie la plus pauvre de la population. Mais, tout autant que la prise de conscience des risques que court la planète, ce vote pour les Verts traduit le désarroi de toute une partie de l’ancien électorat de gauche, qui refuse d’oublier les méfaits de celle-ci lorsqu’elle était au pouvoir. Ce n’est pas pour autant la fin des illusions, comme le montrent les perspectives défendues par Jadot pendant sa campagne et le débouché politique qu’il propose maintenant à ce qu’il appelle une vague verte.
Jadot s’est toujours affirmé en accord avec la libre entreprise et l’économie de marché, c’est-à-dire le capitalisme. Dans une économie entièrement contrôlée par quelques grands trusts qui modèlent la vie sociale et prennent leurs décisions avec pour seul critère le profit maximum, cela revient à renoncer à toute amélioration réelle des rapports entre l’homme et la nature, au profit de discours sans effet. C’est non seulement accepter de fait l’exploitation du monde du travail et même son aggravation actuelle, mais renoncer au combat réel contre les catastrophes écologiques.
Au Parlement européen, le groupe écologiste, même renforcé, n’aura aucun pouvoir véritable, d’abord parce que les institutions européennes sont faites pour que cette assemblée n’en ait aucun. Ce n’est pas la création d’un « comité de surveillance et d’initiative » annoncé par Jadot le soir des élections qui y changera quelque chose. Et, pour le reste, les perspectives qu’il a tracées, à savoir la création d’un grand parti écologiste pour les élections municipales et nationales à venir, visent simplement à occuper la place longtemps tenue par la gauche aujourd’hui moribonde, pour participer à la gestion du capitalisme en crise. Contrairement à ce que prétend Jadot, ce n’est certainement pas cela qui pourra barrer la voie à l’extrême droite.