Bolivie : la droite manœuvre pour accaparer le pouvoir26/08/20202020Journal/medias/journalnumero/images/2020/08/2717.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Bolivie : la droite manœuvre pour accaparer le pouvoir

Le 11 novembre 2019, la Bible à la main, Jeanine Añez, de la droite ultraconservatrice, qui ne cache pas son racisme, s’est assise sur le siège de la présidence bolivienne, deux jours après qu’Evo Moralès, menacé par la police et l’armée, avait quitté le pays. Depuis, cette présidente par intérim et son clan ont multiplié les manœuvres pour que cet intérim ne connaisse pas de fin.

Moralès avait remporté la présidentielle haut la main, avec plus de dix points d’avance par rapport à son adversaire de droite. Mais un rapport de l’Organisation des États américains (OEA), un satellite de Washington, avait dénoncé une prétendue fraude électorale, ce qui avait galvanisé la bourgeoisie, la droite, la police et l’armée, tous exaspérés par un régime qui, sans menacer les classes possédantes d’une révolution sociale, avait tout de même réduit les inégalités.

L’arrivée de la droite s’est accompagnée d’une répression féroce contre le parti et les soutiens populaires de Moralès et de violences racistes contre les populations indigènes.

L’élection présidentielle qui devait avoir lieu le 3 mai a été reportée, sous prétexte de Covid, au 6 septembre. La pandémie a été révélatrice de la corruption de la nouvelle équipe : le ministre de la Santé a dû démissionner pour corruption lors d’achats de respirateurs, provoquant des manifestations populaires et des sondages très favorables au MAS, le parti de Moralès.

La droite, soutenue par les États-Unis et par l’Union européenne, a réagi en proposant un nouveau report de l’élection au 18 octobre. La Centrale ouvrière bolivienne (COB) a alors protesté par des blocages des grands axes routiers. Et le 10 août la droite a lancé des poursuites judiciaires contre Moralès, ses candidats à la présidence et à la vice-présidence, et contre le secrétaire général de la COB et plusieurs de leurs proches, tous accusés de « terrorisme, génocide et délits contre la santé », rien de moins.

Car, prétend la droite, les barrages routiers auraient empêché la livraison de vivres et de fournitures médicales contre le Covid, provoquant la mort de 31 patients. En réalité, le gouvernement a délibérément envoyé un convoi avec de l’oxygène sur des routes qu’il savait barrées par la COB. L’espoir de la droite est d’interdire le MAS de Moralès, ce qui assurerait son succès à la présidentielle.

Face à cette manœuvre, les grands démocrates des puissances impérialistes, si tatillons quand il est question de dénoncer les castristes de Cuba ou les chavistes du Venezuela, appellent, sans rire, à une « réconciliation nationale pacifique ».

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