En représentant des puissances impérialistes, Antonio Guterres sait de quoi il parle, au niveau des chiffres en tout cas. Depuis le début de la guerre, dans la dernière semaine de février, le cours du blé s’est envolé, entraînant une hausse des prix alimentaires, problématique pour les classes populaires des pays riches mais tragique pour celles des pays d’Afrique et du Moyen-Orient dont l’alimentation dépend fortement des importations de blé russe et ukrainien.

Respectivement premier et cinquième pays exportateurs, la Russie et l’Ukraine fournissent à elles deux 30 % du blé consommé dans le monde. La première a prévu de bloquer ses exportations jusqu’au 30 juin au minimum, la seconde les a arrêtées depuis le 8 mars. De toute façon, les navires en partance depuis les ports de la mer Noire sont bloqués.

Premier pays importateur, l’Égypte achète 85 % de son blé à la Russie et à l’Ukraine. Cela ne peut qu’avoir des conséquences graves pour l’alimentation de ses 100 millions d’habitants, dont 60 % dépendent déjà des subventions étatiques sur les galettes de pain. Si celles-ci sont encore fournies dans les boulangeries, leur poids vient de diminuer faute de farine. En Algérie, les prix s’envolent malgré l’interdiction des exportations alimentaires, et en Tunisie les pénuries concernent déjà la semoule, la farine ainsi que le riz.

En novembre dernier, avant même le déclenchement du conflit en Ukraine, les statistiques du programme alimentaire mondial mettaient en évidence une situation révoltante : plus de 45 millions de personnes étaient au bord de la famine, que ce soit à cause des guerres, du changement climatique ou des effets de la pandémie due au coronavirus. Ainsi, ce sont 24 millions d’habitants en Afghanistan, 7 millions dans le nord de l’Éthiopie, 1,3 million dans le sud de Madagascar, 7,2 millions au Soudan du Sud, 12 millions en Syrie qui se trouvent au bord de la famine, et la liste ne s’arrête pas là.

L’effondrement de l’économie pour les uns, la sécheresse absolue ou les inondations pour les autres, des produits alimentaires, des carburants ou des engrais inaccessibles, le contrôle des terres arables par des milices, telles sont les multiples conséquences d’un système de fous où la classe capitaliste et ses gouvernements ne maîtrisent, et encore, que les milliards accumulés dans les Bourses mondiales. Les empêcher de nuire en leur arrachant le pouvoir, voilà l’urgence !