Guerre en Ukraine : d’énormes profits avec la peau des peuples19/10/20222022Journal/medias/journalnumero/images/2022/10/2829.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Guerre en Ukraine : d’énormes profits avec la peau des peuples

Le ministère français de la Défense va faire venir ici 2 000 militaires ukrainiens, pour les former en général, et en particulier à utiliser les armes que la France livre à l’Ukraine. Il espère, bien sûr, que le gouvernement et l’état-major ukrainiens renverront l’ascenseur en commandant toujours plus d’armements aux firmes françaises.

Quand Macron déclare que « La guerre va durer » en Ukraine, c’est un constat : celui des effets des livraisons d’armes croissantes des grandes puissances au régime ukrainien. C’est aussi un souhait à peine déguisé car, au fil des mois de combats, les carnets de commandes des industriels de la mort du monde entier n’ont cessé d’enfler. Au point qu’ils n’arrivent plus, dit-on, à satisfaire la “demande”.

Ainsi, Macron peut se féliciter d’avoir reçu un tweet du président roumain qui le remerciait, en français, de lui avoir livré une douzaine de chars Leclerc et autant de véhicules blindés d’infanterie, ce qui a « renforcé la présence militaire française en Roumanie », un pays limitrophe de l’Ukraine et membre de l’OTAN où Paris a déjà installé plusieurs centaines de ses militaires.

La guerre en Ukraine et les risques bien réels qu’elle déborde – on sait par exemple que les frappes ukrainiennes s’intensifient sur les régions frontalières de Russie, dont la Crimée – offrent une occasion rêvée aux États occidentaux d’élargir leur clientèle militaire dans la région. En outre, cela leur permet de se positionner pour « l’après ». Car avec toutes les destructions d’immeubles, d’équipements, d’usines, de ports, d’infrastructures énergétiques (en Ukraine, plus d’un tiers d’entre elles ont été atteintes ces derniers jours), ce ne sont plus les seuls grands groupes de l’armement, mais ceux du BTP, de la logistique, les équipementiers industriels et une foule d’autres en Europe de l’Ouest et en Amérique qui en salivent par avance.

En attendant, entre alliés occidentaux, la guerre commerciale fait rage pour prendre la plus grande part de gâteau de « l’aide » à l’Ukraine, en fait surtout une aide à leurs propres capitalistes.

Ainsi, Washington vient d’annoncer qu’il débloquait 725 millions de dollars, première tranche de l’aide supplémentaire votée par le Congrès en septembre. Elle inclut 23 000 obus, 5 000 mines antichars téléguidées, 200 véhicules de transport militaire Humvees, des batteries de missiles air-sol devant suivre. Selon le chef de la diplomatie américaine, ce sont 18,3 milliards de dollars que la Maison-Blanche a affectés à l’Ukraine depuis l’élection de Biden, en janvier 2021, soit plus d’un an avant que Poutine attaque l’Ukraine. En effet, l’aide militaire en tout genre, avec fourniture d’armes, d’équipements, de conseillers et d’instructeurs, des États-Unis à l’État ukrainien ne date pas d’hier. Elle remonte à début 2014, avec l’installation d’un pouvoir pro-occidental à Kiev, et n’a cessé de s’intensifier depuis. Il en va de même, à moindre échelle, de l’aide militaire et budgétaire de la Grande-­Bretagne et du Canada au régime ukrainien.

Une nouvelle venue dans cette sarabande macabre est l’Arabie saoudite. Elle verse à l’Ukraine 400 millions de dollars d’« aide humanitaire », sans préciser si elle préfère garder ses armes, fournies par la France, la Grande-Bretagne et les États-Unis, pour massacrer les Yéménites ou son propre peuple.

Cette escalade occidentale des fournitures d’armes à l’Ukraine n’empêche pas les dirigeants des grandes puissances de déclarer, tel ces jours-ci le ministre français de la Défense, qu’ils respectent les normes inter­nationales de la non-belligérance, puisque leurs troupes n’interviennent pas physiquement dans les combats. C’est tout à fait hypocrite, mais cyniquement exact : l’Occident impérialiste affronte la Russie par Ukraine interposée. Ce qui signifie concrètement, en se servant des civils et soldats ukrainiens comme chair à canon.

On estime qu’environ 65 000 soldats seraient déjà morts dans chaque camp et que les blessés se comptent par centaines de milliers. Quant aux civils tués et blessés, personne ne fournissant aucun chiffre à ce sujet, on imagine qu’ils sont eux aussi très nombreux.

Alors quand les industriels de l’armement français, britanniques, américains, ­allemands et autres publieront leurs résultats annuels, qui devraient très nettement progresser, on pourra essayer de diviser ce monstrueux total par le nombre estimé des victimes pour se faire une idée de ce que la peau d’un être humain rapporte de profits aux capitalistes.

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