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Leur société
Le 6 juin : pour les retraites et les salaires !
Mardi 30 mai, Éric Coquerel, élu de La France insoumise et président de la commission des finances, a déclaré recevable la proposition de loi abrogeant le report à 64 ans de l’âge légal de départ à la retraite, déposée par le groupe LIOT, qui réunit des députés de droite et du centre.
Coquerel avait été saisi pour juger de la recevabilité financière de la proposition de loi de LIOT car, depuis plusieurs semaines, le gouvernement, Première ministre en tête, martelait qu’elle était inconstitutionnelle et ne pouvait donc être débattue à l’Assemblée, sous prétexte qu’elle entraînerait des dépenses supplémentaires pour l’État. Les macronistes voudraient bien en effet éviter un vote rendu bien incertain du fait de l’attitude d’une partie des députés de droite.
La décision de Coquerel ne garantit pas pour autant qu’un débat puisse avoir lieu le 8 juin, comme le calendrier parlementaire le prévoit. La présidente macroniste de l’Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, a assuré qu’elle « prendrait ses responsabilités » pour empêcher le vote de ce texte. Et de toute façon, même si la loi était adoptée par les députés, elle tomberait « dans les toilettes du Sénat », pour reprendre la formule d’un élu de droite favorable à la réforme des retraites.
Cela rend bien dérisoires les déclarations des dirigeants syndicaux qui, en appelant à une journée de mobilisation le 6 juin, lui ont fixé l’objectif de « gagner le vote d’abrogation de la réforme des retraites à l’Assemblée nationale », comme l’a déclaré Sophie Binet, secrétaire générale de la CGT. Celle-ci s’est même dite prête à aller voir ensuite les sénateurs, assurant sans rire que le président du groupe LR, Bruno Retailleau, « n’ignore pas l’état de colère du pays face à cette réforme injuste, violente ».
Cette position, partagée par tous les dirigeants des confédérations, est dans la continuité de la politique menée depuis le début des mobilisations par l’intersyndicale, limitant leur objectif à faire pression sur les différents rouages des institutions parlementaires. Le principal but des appareils syndicaux durant ces quatre mois était de prouver au gouvernement qu’il ne pouvait se passer de leur collaboration pour mener des attaques antiouvrières. En relançant début mai la mascarade du prétendu dialogue social, le gouvernement a montré qu’il avait reçu le message.
Les dirigeants syndicaux se préparent aujourd’hui à tourner la page. Parmi eux, celui qui le dit le plus clairement est le secrétaire général de la CFDT, Laurent Berger. Dans une interview au Journal du Dimanche le 20 mai, il a bien déclaré que « la bataille des retraites ne cessera jamais », mais en ajoutant que, pour autant, il préférait « obtenir des avancées concrètes pour les salariés plutôt que de poursuivre un but difficile à atteindre ».
Pour les travailleurs, les enjeux du mouvement contre la réforme des retraites sont tout autres. Même s’ils n’ont pas réussi jusqu’à présent à faire reculer le gouvernement, les millions de salariés qui ont participé aux manifestations et ont fait grève ont pu commencer à mesurer leur force. Pour parvenir à mettre en échec les attaques programmées par le patronat et le gouvernement à son service, c’est bien cette voie qu’il faudra prendre, celles des grèves et de l’organisation des travailleurs pour défendre leurs intérêts.
La journée de mobilisation du 6 juin doit être une nouvelle occasion de mettre en avant des revendications communes à l’ensemble du monde du travail, sur les retraites et les salaires, et d’affirmer que la bataille engagée doit se poursuivre.