Ni les chômeurs, ni leur famille, ni les millions de travailleurs précaires, déclarés ou pas, ni les habitants des villes et quartiers dévastés par les fermetures d’usine ne croient à ces mensonges, si toutefois ils les entendent. Il n’y a en effet qu’un rapport lointain entre la propagande gouvernementale et la réalité.

L’Insee, à la demande du gouvernement, parle de « chômeurs au sens du Bureau international du travail ». C’est une notion très restrictive, comprenant par exemple le fait qu’on « cherche activement du travail » et qu’on est disponible dans les deux semaines. Les données fournies sont extrapolées d’un sondage. Or, si l’extrapolation est fondée mathématiquement, les questions posées sont choisies pour minimiser le résultat. Il s’agit désormais de se déclarer prêt immédiatement à prendre n’importe quel emploi.

Pôle emploi, quant à lui, comptabilise ceux qui viennent dans ses bureaux. Bien que cela exclue a priori beaucoup de monde, depuis les sans-papiers jusqu’aux travailleurs découragés, Pôle emploi recense un million de chômeurs de plus que l’Insee. Et il s’agit de personnes effectivement inscrites. La différence est tellement énorme que l’Insee parle d’un « halo » de chômeurs, proches de l’emploi ou de travailleurs proches du chômage, dans lequel on trouverait par exemple un travailleur trop âgé ou trop mal en point pour être exploitable avec profit.

Le gouvernement prétend ainsi aller vers le plein-emploi statistique, soit 5 % de chômeurs au sens du BIT. Cela consiste à exclure ceux que le travail a brisés et à briser ceux qui peuvent encore travailler. Autrement dit, la pleine exploitation.