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Dans le monde
Kazakhstan : morts à la mine et profits
Le 28 octobre, un coup de grisou a dévasté la mine Kostenko, à Karaganda, capitale des houillères du Kazakhstan. Sur 252 mineurs se trouvant dans ses galeries, plus de 60 ne sont pas remontés.
Ce bilan surpasse celui de la précédente plus terrible catastrophe, qui avait fait 41 morts en 2006, au puits Lénine. Les données officielles concernant les quinze dernières années, qui n’enregistrent que les décès de cinq mineurs ou plus, en totalisaient déjà 120. C’est autant de mineurs sacrifiés sur l’autel des profits du grand capital occidental, qui possède ces mines. Dans ce cas, le géant britannique ArcelorMittal détient, outre Kostenko, sept autres mines de charbon, une unité d’enrichissement de minerai, diverses structures industrielles, plus le parc de trams de Temirtau, où se trouve son siège.
Il y a deux mois et demi, cinq travailleurs avaient trouvé la mort à Kazakhskaïa, une autre mine d’AMT (ArcelorMittalTemirtau). À la suite de quoi, AMT n’avait en rien renforcé une sécurité de toute façon quasi inexistante. Quant aux autorités, elles n’avaient même pas fait semblant de l’y contraindre, comme des parents de victimes viennent de le clamer à la face du président kazakh, Tokaev, arrivé sur place.
Celui-ci avait voulu se faire filmer en train de dire aux proches des mineurs : « Nous apporterons notre aide à vos familles, aucune ne sera laissée dans le besoin, je vous l’affirme. Nous changerons la direction de l’entreprise. » Pas de chance pour lui, l’émotion n’arrivant pas à empêcher la colère, une femme en pleurs le coupa d’un : « Personne ne se préoccupe de la sécurité sous terre ». Une autre : « Après la catastrophe de Kazakhskaïa, on n’a rien changé », « Chaque jour, ils voient la mort en face ». Accusant Arcelor, une autre raconta : « Même quand il y avait des explosions au fond, AMT s’en fichait, il les forçait à descendre et à travailler. Et ils descendaient vers la mort. » Mais AMT n’était pas seul visé : « Les bureaucrates n’ont qu’à moins voler, alors tout se passera normalement. » Une voix dans la salle se permit même de menacer directement : « Le boomerang, ça existe. Ne l’oubliez pas ! »
Ces femmes, mères et sœurs de mineurs n’ont, elles, visiblement pas oublié à qui elles avaient à faire : Tokaev, le chef d’un régime policier de bureaucrates pillards et assassins d’ouvriers. En janvier 2022, confronté à la grève des ouvriers du pétrole et du gaz qui avait gagné de larges pans de la population, il n’avait pas pu briser ce soulèvement populaire sans faire appel aux paras et aux tanks de Poutine. Une intervention militaire russe qui avait fait pousser un ouf de soulagement à tous les ArcellorMittal, Total, Exxon et autres grands trusts qui tirent d’énormes profits de la sueur et du sang des travailleurs du Kazakhstan
Dans la foulée de l’intervention militaire russe, le parrain de Tokaev, le bureaucrate mafieux en chef Nazarbaïev, avait été débarqué, pour donner l’impression d’un changement. La tête avait changé, pas le régime, ni ceux dont il protège les intérêts : les ArcellorMittal. Total, Exxon et tant d’autres.