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Paris-Clermont : à l’heure du chaos ferroviaire
700 passagers ont été bloqués la nuit du vendredi 19 janvier dans le train Paris-Clermont sans électricité ni chauffage. Parti à 19 heures de Paris pour une arrivée prévue à 22 h 31, leur train Corail n’est arrivé à destination qu’à 6 heures du matin, avec 9 heures de retard.
La locomotive est tombée en panne après Montargis. Il a été impossible au conducteur de la remettre en route et une locomotive de secours a été envoyée de Paris. Les batteries de bord ont vite été épuisées, transformant par cette nuit glaciale les conditions à bord en véritable calvaire. Privés d’électricité, de chauffage, de WC, devenus inutilisables faute de chasse d’eau, les passagers ont finalement reçu, au bout de plusieurs heures, un plateau repas et des couvertures de survie, non de la part de la SNCF mais de la Croix-Rouge et des pompiers. Ils sont sortis révoltés et hagards de cette nuit éprouvante.
Cet incident est loin d’être isolé. La ligne Paris- Clermont est malade d’un naufrage planifié en matériel et en effectifs. Avec officiellement 15,6 % de trains en retard, elle arrive à la troisième place des lignes les plus sinistrées, derrière Lyon-Nantes et Marseille-Bordeaux. En juin dernier, le même trajet avait duré 19 heures et les passagers avaient passé la nuit dans des rames TGV en gare de Bercy. En juillet, un autre Intercités était arrivé à Clermont-Ferrand avec un retard de 16 heures.
La première cause est la vétusté du matériel roulant. Les rames ont été mises en service entre 1975 et 1982. Les locomotives datent de la fin des années 1980, affichent des millions de kilomètres au compteur et cumulent les pannes. Mais, dans les ateliers, l’effectif de maintenance de ce matériel a lui-même été sabré.
Du nouveau matériel a bien été commandé, avec des années de retard, mais au compte-gouttes. Il ne sera pas livré avant 2026, dans le meilleur des cas, et il n’est pas question de raccourcir les délais. D’autre part, malgré les demandes des syndicats, aucune locomotive de réserve n’est positionnée sur le parcours. D’une manière générale, pour des raisons d’économies, la SNCF n’a quasiment plus de locomotives de réserve, pas plus que de conducteurs : c’est le « risque calculé ». À vrai dire, le vrai calcul est que la SNCF préfère indemniser au coup par coup les voyageurs en détresse plutôt que de prévoir le matériel et le personnel de secours.
D’autre part, l’état déplorable de cette voie, faute d’entretien et de renouvellement, se traduit et continuera de se traduire par de multiples incidents, comme les ruptures de caténaires, chutes d’arbres, pannes de signalisation. Là encore, l’urgent pour l’État et la direction de la SNCF est d’attendre.
Macron a osé réclamer des sanctions et des garanties après la nuit de cauchemar vécue par les passagers du Paris-Clermont. Mais c’est bien la politique d’économies à tout crin sur le transport ferroviaire qu’il a conduite tambour battant, tout comme ses prédécesseurs, qui a mené à la déliquescence générale actuelle.