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Dans les entreprises
Solvay : guerre économique aux dépens des travailleurs
En décembre dernier, le groupe Solvay a été scindé en deux entités : Solvay conserve la chimie essentielle (soude, silice…) et une nouvelle entité, Syensqo, s’occupera de la chimie de spécialités.
Selon les communicants de la direction, Syensqo sera une « entreprise scientifique d’explorateurs à la recherche de perspectives inattendues, permettant des innovations révolutionnaires en explorant l’avenir de la science ». Rien que ça ! Le nouveau nom est d’ailleurs un savant mélange de l’ancien (SY pour Solvay, EN pour Ernest, le fondateur de la dynastie patronale belge Solvay), et de nouveautés prétentieuses (Syens pour science, Q pour quantique et Qo pour compagnie). Mais, sitôt créé, ce groupe chimique a annoncé la « mise sous cocon », pour ne pas dire fermeture, de l’atelier qui fabrique la vanilline de synthèse à l’usine de Saint-Fons : cette fermeture est prétendument provisoire, avec possibilité de redémarrage en cas de retournement du marché, mais supprime immédiatement 47 emplois directs sur environ 260 chez Syensqo, sans parler des conséquences pour les travailleurs de la sous-traitance et les intérimaires.
En guise d’« innovation révolutionnaire », la PDG Ilham Kadri a annoncé une classique réorganisation de la production, pour s’adapter à la guerre économique mondiale que se livrent les grands groupes de la chimie, avec la peau des travailleurs : en plus de ceux de Saint-Fons, 41 postes sont supprimés à l’usine de Bâton Rouge aux États-Unis et 14 en Chine. Il s’agirait de faire 27 millions d’euros d’économies, alors que les actionnaires ont touché 430 millions de dividendes l’an dernier, et que la PDG s’est vu octroyer un bonus de 12 millions d’euros pour avoir organisé la scission.
À l’usine de Saint-Fons, depuis cette annonce, c’est l’inquiétude pour les salariés concernés. L’âge de départ en retraite ayant été repoussé, cela réduit le nombre de personnes pouvant partir sans trop de conséquences. La pression va donc être forte pour faire accepter des départs volontaires ou des mutations sur d’autres sites lointains, et des licenciements ne sont pas exclus.
Alors que les capitalistes n’ont aucune visibilité sur l’avenir de leur économie et parlent de « tempête », ils protègent leurs marges et leurs profits en jetant les travailleurs par-dessus bord. Mais les milliards de bénéfices accumulés ces dernières années suffiraient largement à maintenir tous les emplois et à répartir la charge de travail entre tous.