Ceux qui ont vu à la télévision le charnier découvert à Abidjan, en Côte-d'Ivoire, ne pouvaient ressentir que de l'horreur mêlée de dégoût. Les 57 jeunes, dont on a retrouvé les cadavres, ont été exécutés lors d'une flambée de violence provoquée.
Depuis plusieurs années, la Côte-d'Ivoire s'enfonce dans une crise économique due aussi bien à la chute du prix des matières premières qu'au pillage des grands groupes capitalistes, dont la plupart sont français, et à la corruption du régime ivoirien lui-même. Cette crise a appauvri une population déjà pauvre. Car, si la Côte-d'Ivoire passait pour un pays où ceux qui avaient des capitaux pouvaient faire beaucoup d'argent, l'écrasante majorité de sa population vit dans la pauvreté. Mais la Côte-d'Ivoire connaît aussi, depuis la mort de son vieux dictateur Houphouët-Boigny, le protégé de l'impérialisme français, une crise de succession. Et c'est à coups de démagogie xénophobe que s'affrontent les clans politiques rivaux. Cette démagogie est particulièrement grave dans un pays dont plus d'un tiers de la population - surtout des travailleurs - est originaire d'autres pays d'Afrique, le Burkina-Faso notamment, et elle conduit, aussi, à opposer les populations du Sud à celles du Nord.