Quand une partie de l'armée ivoirienne s'est mutinée, en septembre dernier, l'armée française est aussitôt intervenue sous prétexte de défendre la vie des " ressortissants français ". Aujourd'hui, à peine trois mois plus tard, et alors que les " ressortissants français " qui le souhaitaient ont eu largement le temps d'évacuer le pays, le gouvernement Chirac-Raffarin vient d'envoyer des renforts en Côte-d'Ivoire, et en particulier des éléments du 2e Régiment Étranger de Parachutistes. Un régiment dont au moins le nom reste associé à la tentative de putsch d'avril 1961, dirigée par des généraux qui rêvaient, à la fin de la guerre d'Algérie, d'instituer en France un régime encore plus réactionnaire que celui de De Gaulle.
L'envoi de nouvelles troupes est annoncé dans les jours qui viennent. Et le gouvernement s'embarrasse de moins en moins de discours sur la sécurité des ressortissants français pour justifier ce début d'escalade. On a pu voir à la télévision un officier français affirmer que " l'ordre est d'ouvrir le feu sur toute personne nous empêchant d'accomplir notre mission ".