D'après le quotidien économique Les Échos (du 20 juillet), dont le coeur ne bat pas précisément à gauche, « la radicalisation des conflits sociaux inquiète la majorité ». Après que des patrons ou des cadres supérieurs ont été retenus quelques heures par leurs salariés en colère au printemps dernier - ce qui avait été abusivement qualifié de « séquestrations » - c'est l'affaire des bouteilles de gaz mises en place par les travailleurs licenciés de New Fabris, de Nortel et de JLG, qui inquiète les défenseurs des intérêts patronaux. D'autant que les salariés de JLG ont obtenu en partie satisfaction. Ce qui amène la députée UMP du Haut-Rhin, Arlette Grosskost, à proclamer : « C'est catastrophique. Il faut être vigilant à ne pas encourager la délinquance ». Parce que pour elle, les travailleurs qui refusent de partir au chômage avec des indemnités dérisoires sont des délinquants, alors que les patrons qui licencient pour maintenir ou même augmenter leurs profits seraient d'honorables citoyens !
La pire violence n'est pas du côté des travailleurs qui défendent leur droit à l'existence, mais du côté d'un patronat pour qui les salariés leur ayant permis par leur travail d'accroître leur fortune ne sont qu'une « variable d'ajustement ». On peut les jeter à la rue sans ménagement, en ne leur payant que les maigres indemnités légales (quand le patron n'a pas disparu en mettant les clefs sous la porte, ou ne s'est pas déclaré en faillite) sans se soucier de savoir ce qu'ils deviendront, si dans leur région, à leur âge, usés parfois par des années d'exploitation, ils ont la moindre chance de retrouver un emploi. La pire violence elle est aussi du côté des hommes politiques qui justifient ce système inique.