Le commun des mortels ne connaît pas ce Robert Bourgi qui vient de révéler au Journal du Dimanche comment il convoyait, de la part de dictateurs africains, des dizaines de millions destinés à Chirac, président de la République, et à Villepin, à l'époque son conseiller à l'Élysée. Transferts réguliers d'argent tout à fait illégaux, effectués dans le secret par des procédés de mafieux, destinés au financement des partis au pouvoir, mais aussi selon Bourgi, au Front national de Le Pen.
Robert Bourgi, avocat d'affaires de profession, est un de ces hommes de l'ombre qui grouillent au coeur de l'appareil d'État et qui, sans avoir aucune fonction officielle et encore moins élective, détiennent une parcelle plus ou moins grande du pouvoir. Il se revendique de l'héritage de Jacques Foccart, éminence grise de la politique africaine depuis de Gaulle, qui faisait et défaisait les chefs d'État en Afrique dans les années suivant la décolonisation, en fonction de leur fidélité aux « intérêts français », c'est-à-dire de leur capacité à préserver la mainmise des groupes capitalistes français sur le pétrole, les richesses minières, l'économie des anciennes colonies africaines. En contrepartie, ces dictateurs pouvaient compter sur le soutien de la diplomatie et, au besoin, de l'armée française pour les protéger contre leur propre peuple.