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- Lutte ouvrière n°2946
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Leur société
Bayrou
plus ça change, plus c’est pareil
Mardi 14 janvier, Bayrou, quatrième Premier ministre en un an, a fait son discours de politique générale devant les députés avec un seul objectif : ne pas être censuré, c’est-à-dire obtenir ce minimum de continuité politique qui fait défaut depuis que Macron a dissous l’Assemblée en juin.
Bayrou a donc commencé par s’adresser aux macronistes et à la droite. Et d’affirmer que la réforme des retraites, c’est-à-dire le passage à 64 ans refusé par l’écrasante majorité des travailleurs et combattu par des millions d’entre eux, ne serait pas abrogée. Tout au plus, geste dérisoire en direction du PS, a-t-il dit qu’elle pourra être rediscutée. Mais faute d’accord – et d’où viendrait-il ? – la loi s’appliquera. Enfonçant le clou et mentant sans aucun complexe, Bayrou a prétendu que le déficit des comptes publics viendrait pour moitié du versement des pensions aux vieux travailleurs. Pour paraphraser Audiard, les Premiers ministres ça ose tout, c’est même à ça qu’on les reconnaît…
Après cela, Bayrou s’est assuré, au moins pour un temps, de la non-censure du côté des députés du RN. Il a particulièrement chargé la barque en déclarations contre les migrants et accusé encore une fois les plus misérables d’être responsables de la catastrophe de Mayotte. Ce qu’il adviendra par la suite dépend du RN et de Marine Le Pen, qui ont toujours deux fers au feu : ne pas censurer pour paraître responsables, ou bien censurer dans l’espoir de hâter leur accession au pouvoir ou, du moins, de montrer à une fraction de leur électorat que leur opposition est bien réelle.
Vis-à-vis de la gauche, Bayrou n’a pas esquissé le moindre pas, se contentant de paroles creuses. Manifestement il a fait ses calculs. La motion de censure qui sera présentée par LFI jeudi 16 janvier, même votée par le reste de la gauche, ce qui n’est pas encore acquis, ne suffira pas à désavouer Bayrou puisque le centre, la droite et le RN ne la voteront pas. Quelques ministres, dont le premier d’entre eux, auront donc changé depuis le mois de juillet, éventuellement plusieurs fois, mais la situation comme la politique gouvernementale resteront identiques.
Enfin, et c’est le seul moment où son cœur de vieux politicien a parlé, Bayrou a défendu les multinationales françaises, les qualifiant de poules aux œufs d’or qu’il faut épargner, comme le recommande la fable de La Fontaine. Le matin même, le quotidien Les Echos annonçait les dividendes record des grandes entreprises. Rassurés par Bayrou, les Bernard Arnault et Bolloré, les familles Peugeot et Mulliez, Dassault, Bouygues et quelques autres vont pouvoir continuer à collectionner les œufs en or que d’autres auront produits pour eux.