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Leur société
Choose France
beaucoup de mousse sur le gâteau
Lundi 17 novembre s’est ouverte à Paris une nouvelle édition du sommet Choose France, autrement dit « Choisir la France » en anglais.

À la différence des précédents sommets, censés faciliter les investissements étrangers en France, le gouvernement a, cette fois, « mis à l’honneur [les entreprises françaises] qui choisissent d’investir en France malgré un contexte international turbulent ». L’objectif était de mettre en relief l’appui de l’État aux entreprises françaises pour qu’elles se mettent à investir massivement, notamment dans l’industrie. Contre toute évidence, le ministre de l’Industrie Sébastien Martin a même assuré : « Les investissements continuent, les implantations industrielles se multiplient […]. La réindustrialisation est un mouvement de fond. »
La réalité est bien éloignée de ce conte de fées, comme peuvent en témoigner les 549 travailleurs de l’aciériste Novasco, dont la liquidation judiciaire a été annoncée le jour même de l’ouverture du sommet. Selon la CGT, sur les 444 plans de licenciements mis en œuvre depuis 2023, 325 concernent des fermetures de sites industriels. En 2025, pour la deuxième année consécutive, le nombre de fermetures d’usines en France sera supérieur à celui des ouvertures.
D’ailleurs, les montants annoncés lors du sommet servent de poudre aux yeux. Le gouvernement avance un chiffre de 30,4 milliards d’euros d’investissements, mais seuls 9 milliards correspondent à de nouvelles annonces. Et parmi les groupes félicités pour leurs investissements par les ministres et par Macron, certains ferment en même temps des sites : Sanofi, qui promet 700 millions d’euros d’investissements, va vendre son usine de Maisons-Alfort, et Danone, qui annonce débourser 300 millions, prévoit de fermer l’usine Blédina de Villefranche-sur-Saône.
Les projets sont autant de prétextes à de nouvelles subventions publiques, évidemment sans aucun engagement en matière d’emplois et de salaires. Ainsi, Urgo a profité du sommet pour confirmer l’ouverture d’une nouvelle usine dans la Loire, usine pour laquelle l’entreprise a touché 600 000 euros d’aides publiques. Peu importe que la famille Le Lous, propriétaire d’Urgo, figure parmi les 100 familles les plus riches de France, avec une fortune en hausse de 11 % en un an, et n’ait pas vraiment besoin d’aide !
La réalité est que les capitalistes n’investissent pas en fonction des sommets et des discours gouvernementaux, mais selon l’état du marché et leurs perspectives de profit. L’État est incapable d’enrayer la désindustrialisation parce que celle-ci découle d’une crise profonde du capitalisme où la spéculation financière rapporte davantage que la production. L’action des gouvernements, aujourd’hui comme hier, se résume donc à verser des subventions à fonds perdu à des capitalistes qui en feront ce qu’ils veulent, et à justifier ces cadeaux par des fables sur le patriotisme économique.