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- Lutte ouvrière n°2946
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Dans le monde
Incendies de Los Angeles
révélateurs des tares de la société
Depuis mardi 7 janvier, Los Angeles, deuxième ville des États- Unis, subit les incendies les plus destructeurs qu’elle ait connus. Une surface grande comme une fois et demie celle de Paris a été réduite en cendres.
Des dizaines de morts, plus de 12 000 maisons et autres bâtiments détruits, plus de 150 000 habitants déplacés, plusieurs milliards d’euros de destructions, tel est le bilan provisoire.
Il n’y a pourtant pas de véritable surprise dans cet événement apocalyptique. Les « mégafeux » se développent ces dernières années, et en particulier en Californie. Peu de temps avant le déclenchement de cette dernière série, il y avait eu l’annonce de vents chauds et puissants venant du désert, faisant monter le risque d’incendie à un niveau des plus élevés. Pourtant, la ville, frappée de plein fouet, est apparue complètement démunie face aux éléments naturels.
Dans cette situation se concentrent toutes les contradictions et toutes les incapacités de la société capitaliste de ce début du 21e siècle. La Californie est l’État le plus riche des États-Unis, eux-mêmes le pays le plus riche et le plus puissant du monde. Richesse notamment incarnée dans le quartier de Pacific Palisades, comptant de nombreuses demeures luxueuses, notamment celles de stars d’Hollywood ou d’ailleurs… qui a été lui aussi détruit par les flammes.
Ces riches pensent que, avec de l’argent, ils peuvent tout se payer, même des pompiers privés. Mais il ne suffit pas de disposer d’une telle équipe pour sauver sa maison, encore faut-il qu’il y ait de l’eau disponible aux bouches à incendie ; et cela est du ressort d’une organisation à l’échelle de la ville, voire de l’État, bref d’une organisation sociale.
À cause du réchauffement climatique, les phénomènes extrêmes se sont multipliés. Ainsi, en Californie du sud, les pluies ont été abondantes comme jamais pendant deux ans, entraînant une croissance très importante des végétaux, suivie ces derniers mois d’une sécheresse inédite, ce cocktail des deux phénomènes accumulant une quantité de combustible jamais vue précédemment. Là-dessus, les vents chauds et secs, extrêmement violents, ont déclenché l’enfer.
Il n’y a eu aucun avertissement sérieux, le ton étant donné par la maire de Los Angeles elle-même, qui est partie en voyage à l’étranger alors que les services météorologiques étaient en alerte. Puis, quand les incendies se sont déclenchés, tout a manqué pour les combattre. Le budget du service incendie a été réduit l’an passé de 17 millions de dollars, alors qu’il aurait fallu doubler les effectifs des pompiers pour être au niveau de l’augmentation de la population d’après la cheffe du service incendie. Le réseau d’alimentation en eau des bouches à incendie, très insuffisant, est aussi en cause. Les pompiers se sont plaints du manque de pression dans leurs lances, et pour cause ! L’industrie agro-alimentaire californienne utilise 80 % de l’eau disponible, celle provenant des rivières qui coulent des sierras ainsi que celle des nappes phréatiques qu’elles peuvent pomper gratuitement. Les lignes électriques, qui chutent sous les rafales de vent par manque d’entretien, ont aussi joué un rôle néfaste, ainsi que les carences du débroussaillage ou de l’élagage d’arbres.
Les riches ont perdu des villas luxueuses mais ils en ont d’autres. Ils pourront aisément reconstruire ou acheter ailleurs… mais, dans les classes populaires, certains ont tout perdu en deux minutes. La maison qu’ils possédaient, parfois héritée de leurs parents, était leur seul bien. Certains, seulement locataires, se sont vu demander de payer le loyer à venir. Les loyers et les prix des nuitées d’hôtel s’envolent… Pour les profits petits ou grands, l’incendie n’a rien arrêté, bien au contraire.
Le comble est que, voyant le risque d’incendie grandir, la plupart des compagnies d’assurance ont mis fin aux contrats ces dernières semaines, voire ces derniers jours, dans les zones les plus exposées, juste avant l’incendie. Elles ont accumulé des fortunes pendant des dizaines d’années de cotisations et elles ont sauvé leurs profits à l’approche du risque. Ainsi, des travailleurs qui ont tout perdu ne pourront pas faire jouer leur assurance.
Dans ses derniers jours d’exercice de la présidence, Biden prétend qu’il va intervenir sur tous ces fronts et remettre tout d’aplomb : contre les compagnies d’assurance, contre les promoteurs, agents immobiliers et hôteliers requins. Il tente ainsi de sauver la mise à ses amis politiciens locaux. Mais qui peut le croire ?
Les sinistrés des milieux populaires ne peuvent compter que sur eux-mêmes. C’est ainsi qu’une immense solidarité s’organise. Sur certains parkings, les dons affluent pour l’aide : alimentation, vêtements. Les hébergements s’organisent pour loger les réfugiés.
Les Jeux Olympiques de 2028 sont prévus à Los Angeles. Certains font remarquer qu’il est question de construire des installations qui vont coûter des milliards de dollars pour le spectacle, alors qu’il faudrait s’attaquer à des problèmes bien plus fondamentaux, par exemple se prémunir contre les incendies… et les séismes.
Le dégoût face à cette catastrophe sociale dans le pays le plus riche du monde montre surtout l’urgence de changer la société !