Travailleurs du nettoyage : l’exploitation s’aggrave19/11/20252025Journal/medias/journalarticle/images/2025/11/P15_Lors_dune_lutte_de_salari%C3%A9s_dOnet_en_2024_%C3%A0_Purpan_C_LO.jpg.420x236_q85_box-0%2C0%2C799%2C450_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Travailleurs du nettoyage

l’exploitation s’aggrave

L’Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail) a publié un rapport consacré aux conditions de travail dans le secteur du nettoyage et à leur impact sur la santé.

Illustration - l’exploitation s’aggrave

Si l’exploitation des travailleurs du ménage n’est pas une découverte dans les classes populaires, ce rapport montre que ce n’est pas un problème lié à telle ou telle entreprise ou tel ou tel chef, mais à un système qui a permis à ces entreprises de faire, au total, 17 milliards de chiffre d’affaires en 2022. Selon les données de l’enquête emploi réalisée par l’Insee, environ 1,4 million de travailleurs nettoient les bureaux, les usines, les communs des bâtiments d’habitation, les écoles, les hôpitaux… Les trois quarts sont des femmes, levées tôt, couchées tard, souvent d’origine immigrée, qui vivent avec un temps partiel mal payé. Ainsi, 50 % des salariés qui travaillent dans des entreprises de nettoyage telles que Onet, GSF, Atalian, etc., perçoivent moins de 900 euros par mois. En moyenne, le temps de travail hebdomadaire y est de 24 h 48. Beaucoup de travailleurs doivent donc cumuler des contrats avec plusieurs entreprises, sans toujours atteindre un temps plein, donc passer d’un site à l’autre. Dans nombre d’entre eux, il n’y a pas même de vestiaire et le sac à main et le manteau doivent rester sur le chariot de nettoyage.

Les entreprises de ce secteur ont poussé comme des champignons à cause de l’externalisation des tâches de nettoyage, qui s’est beaucoup développée depuis la fin des années 1980 dans les entreprises et les administrations publiques. Pour que cette stratégie augmente les marges de l’entreprise donneuse d’ordre ou fasse faire des économies budgétaires aux administrations, il faut augmenter l’exploitation des travailleurs du ménage. Ainsi, à chaque négociation de contrat, le volume horaire attribué pour réaliser le travail de nettoyage est réduit pour un même prix de prestation.

La manutention des poubelles, des corbeilles de bureau, des énormes conteneurs des résidences doit être faite plus rapidement. Les escaliers doivent être montés et descendus de plus en plus rapidement ; la fatigue s’accumule, les troubles musculosquelettiques se multiplient, ainsi que les chutes, parfois fatales. Le matériel est insuffisant et les produits corrosifs qui provoquent des maladies de peau sont souvent à manipuler sans matériel de protection ni consignes de manipulation. Voilà pourquoi, selon le rapport de l’Anses, les accidents du travail et les maladies professionnelles reconnues sont plus fréquents dans ce secteur que partout ailleurs.

Dans le secteur public aussi, la situation se dégrade au fil des politiques d’austérité. Dans les écoles, les agents de service enchaînent les nettoyages des salles, des couloirs, des sanitaires en un temps toujours plus court. Puis, ils se rendent à la cantine pour exécuter le travail de plonge dans le bruit, la chaleur et l’humidité. Et bien souvent, ils sont appelés pour un remplacement à l’accueil de l’établissement par exemple, afin de pallier le manque de personnel.

Les travailleurs du nettoyage payent au prix de leur santé l’augmentation des marges des entreprises et les politiques de réduction budgétaire dans les administrations publiques. Ceux qui organisent et profitent de ce système ne méritent qu’un bon coup de balai !

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