Chirac l'a décidé: l'armée française reste en Côte-d'Ivoire. "Nous ne voulons pas laisser se développer une situation pouvant conduire à l'anarchie ou à un régime de nature fasciste". Mais, depuis la conquête coloniale, l'armée française n'a jamais quitté la Côte-d'Ivoire, et la "situation d'anarchie" est pourtant là. Quant à la nature du régime, le président ivoirien Gbagbo n'a pas eu de mal à rappeler à Chirac que les gouvernements français ont soutenu pendant près de quarante ans Houphouët-Boigny, qualifié alors de "sage de l'Afrique", malgré un régime de parti unique où les oppositionnels étaient emprisonnés, torturés, voire assassinés.
Gbagbo n'est ni meilleur ni pire que cette liste de dirigeants africains, de Bokassa à Bongo, soutenus par Paris tant qu'ils maintenaient l'ordre dans leur pays et laissaient les groupes français faire des affaires.