Il y a dix ans, le 11 juillet 1995, les milices serbes de Bosnie occupaient l'enclave musulmane de Srebrenica, que l'ONU avait pourtant proclamée «zone de sécurité». Le détachement hollandais des forces de l'ONU, chargé de protéger les populations civiles, ne fit pas le moindre geste pour défendre ces populations. Pire même, il aida les miliciens serbes à faire le tri entre les hommes et les femmes. Ces dernières et les jeunes enfants furent déplacés de force. Tous les hommes catalogués comme «Musulmans», dont certains avaient tout juste seize ans, qui étaient tombés entre les mains des milices serbes, furent massacrés dans les trois jours qui suivirent. Et les forces de l'ONU, qui assistèrent l'arme au pied à ce «nettoyage ethnique» qui fit des milliers de morts, étaient commandées par le général français Janvier, commandant en chef des forces de l'ONU concernées, qui ne fit rien pour éviter ces tueries.
Aujourd'hui, personne n'ose nier cette passivité des forces de l'ONU. Mais quand il s'agit de dire pourquoi les choses se sont passées ainsi, les commentateurs sont bien en peine d'expliquer comment des troupes, dont le rôle était en principe de protéger les populations civiles, ont laissé commettre cette ignominie. Et pour cause! On évoque un manque de réactivité, le fait de ne pas avoir utilisé le «droit d'ingérence». Mais ce sont des mensonges, car la première chose à dire est que les troupes de l'ONU, représentantes des grandes puissances, n'étaient absolument pas là pour des raisons humanitaires.