L'augmentation de 16% du prix des carburants en un an n'attriste pas tout le monde. Tous les groupes pétroliers internationaux ont affiché, grâce à cela, des bénéfices en hausse considérable en 2004: BP (+26%), ExxonMobil (+18%), Shell (+48%). Le groupe français Total a annoncé quant à lui un accroissement de ses bénéfices de 23% par rapport à l'année précédente. De Villepin a fini par sortir de son silence face à cette flambée des prix des carburants qui s'est encore accentuée cet été, mais s'est contenté de vagues déclarations pour l'avenir. Le gouvernement n'envisage évidemment pas un seul instant de taxer davantage Total et ses semblables. L'État se contente d'encaisser les sommes supplémentaires considérables qu'il récupère ainsi.
Le Parti Socialiste, qui a trouvé là un sujet grâce auquel il peut jouer les opposants sans prendre d'engagement précis, s'est prononcé pour le retour au système de la TIPP flottante (taxe intérieure sur les produits pétroliers) que le gouvernement Jospin avait institué en 2001, lors d'une précédente flambée du cours du pétrole, et qui fut supprimé un an après par Raffarin. Par ce système, en diminuant la TIPP en cas de forte hausse des carburants, l'État laissait aux consommateurs un peu de ce qu'il encaissait en plus.