n°2191 du 30/07/2010

L’éditorial

Les maîtres-chanteurs et leurs complices

Depuis l'exemple de l'usine Bosch de Vénissieux, en 2004, le chantage à l'emploi est devenu une pratique patronale courante, qui consiste à dire aux salariés qu'il leur faut accepter des sacrifices pour ne pas être obligés d'aller pointer au bureau de chômage. Et bien sûr, si ces sacrifices sont bien réels, il n'y a aucune garantie que les engagements patronaux soient tenus, comme l'a montré l'exemple de l'usine Continental de Clairoix. En septembre 2007, la direction y avait arraché l'approbation de la CFTC pour un « accord » prévoyant le passage de la durée de travail hebdomadaire de 35 à 40 heures pour un même salaire, accord qui devait garantir la pérennité de l'usine jusqu'en 2012 au moins, mais qui n'avait pas empêché le groupe Continental d'annoncer la fermeture de l'usine en mars 2009.

Le dernier exemple en date est celui de l'usine General Motors de Strasbourg, à la recherche d'un repreneur depuis des mois, et que le groupe General Motors propose finalement de reprendre lui-même. Mais là, la direction ne s'est pas contentée de rechercher l'accord d'un ou de quelques syndicats prêts à accéder à ses exigences. Elle a posé comme condition qu'il fallait que cet accord soit signé par tous les syndicats de l'entreprise car ce qu'elle veut obtenir ce n'est pas seulement du travail gratuit par le renoncement des salariés à une partie de leurs RTT, mais c'est aussi ce qu'elle appelle la « paix sociale », c'est-à-dire que les organisations syndicales renoncent pour l'avenir à toute revendication, à toute contestation des décisions patronales.

n°2191

30/07/2010